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Lutter contre le racisme anti-Noirs

Un an après une prise de conscience collective, examinons ce que font les universités canadiennes pour contrer le racisme en leur sein.

par TAYO BERO | 01 SEP 21

L’an dernier, alors que le monde entier prenait conscience de l’ampleur du racisme anti-Noirs, les universités canadiennes ont pris du recul afin de mesurer l’ampleur du problème sur leurs campus. Les établissements d’enseignement de partout au pays ont démontré leur solidarité en déclarant que le racisme n’avait pas sa place sur leurs campus et se sont engagés à soutenir les personnes noires qui font partie de leur effectif étudiant et enseignant ou de leur personnel.

Avant même les manifestations de l’été dernier, provoquées par la hausse apparente de la violence policière et étatique contre les Noirs aux États-Unis et au Canada, les établissements postsecondaires canadiens avaient amorcé une discussion sur cette forme de racisme. Plus tôt en mars, Eternity Martis, journaliste et diplômée de l’Université Western, a raconté en détail son expérience dans un livre intitulé They Said This Would Be Fun: Race, Campus Life, and Growing Up. Elle y relate ses années d’études universitaires à London, en Ontario, une ville majoritairement blanche.

Souvent la seule personne noire ou de couleur dans ses cours, Mme Martis explique qu’il régnait à l’établissement une culture insidieuse de racisme allant des microagressions constantes aux menaces explicites. « En classe, toutes les places pouvaient être prises, mais celle à côté [de moi] restait toujours libre. » Le racisme sur le campus se manifestait également de façon beaucoup plus franche et traumatisante.

Eternity Martis. Photo par Corey Misquita.

« Au cours de ma troisième année d’étude, j’ai croisé sur le campus un groupe d’étudiants de première année vraiment soûls, se rappelle-t-elle. Ils cherchaient un endroit où manger. La personne que je fréquentais à l’époque leur a suggéré d’aller au centre étudiant, et au lieu de nous dire merci, ils se sont mis à nous crier des insultes racistes [incluant le mot en n], à nous dire de rentrer dans notre pays et même à me menacer de coups. » Malgré la politique de tolérance zéro de l’établissement en ce qui concerne le racisme, Mme Martis affirme qu’aucune mesure concrète n’a été prise pour corriger la situation ou les rassurer quant à leur sécurité sur le campus.

Les membres du corps étudiant et professoral de l’Université de la Colombie-Britannique ont aussi pris leur établissement à partie en raison d’incidents racistes contre les Noirs survenus sur le campus. En 2019, un étudiant aux cycles supérieurs de la Nouvelle-Écosse nommé Shelby McPhee a été victime de profilage racial et accusé d’avoir volé un ordinateur portable pendant une conférence se déroulant sur le campus.

« Durant la majeure partie de ma carrière, j’ai été la première ou l’unique [personne noire] et j’ai vécu toutes sortes d’expériences, des microagressions jusqu’aux personnes essayant de défendre leur étroitesse d’esprit. »

« Il a été ciblé en tant que jeune homme noir, donc considéré comme n’appartenant pas au milieu universitaire, affirme Handel Wright, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique et conseiller principal du recteur en matière d’antiracisme et d’excellence en matière d’inclusion.

Cette discrimination raciale flagrante ou « directe » n’est pas la seule façon dont le racisme anti-Noirs se manifeste dans les universités. Les étudiants, le personnel et les professeurs font également face à diverses formes de racisme institutionnel.

Professeure de science politique, Malinda Smith est la toute première vice-provost à l’équité, à la diversité et à l’inclusion de l’Université de Calgary. Elle a longtemps été la seule professeure titulaire noire dans sa discipline, une expérience qui lui a donné une bonne idée de la nature complexe et multidimensionnelle du problème.

« Durant la majeure partie de ma carrière, j’ai été la première ou l’unique [personne noire] et j’ai vécu toutes sortes d’expériences, des microagressions jusqu’aux personnes essayant de défendre leur étroitesse d’esprit. Je savais qu’on ne m’invitait pas à certaines tables et que des portes demeuraient closes. »

Même dans les établissements qui s’efforcent de corriger toutes ces iniquités, les effets de cette exclusion de longue date subsistent, selon Mme Smith.

« Vous avez de la chance si vous vous retrouvez dans un milieu où règne une culture de mentorat, de parrainage et d’inclusion, et où la haute direction a fait le travail nécessaire pour se transformer. J’ai connu ce genre de milieu, mais j’ai aussi connu l’inverse, c’est-à-dire des milieux où le travail n’a pas été fait et où l’on se sent instrumentalisé. »

Pour Handel Wright et Eternity Martis, il était plus que temps de voir les réponses à grande échelle que les manifestations de l’été 2020 ont suscitées. La plupart des établissements d’enseignement ont également réagi à ce grand moment, chacune selon son passé et la culture anti-Noirs qui avaient déjà été observée sur leurs campus.

Nouveaux engagements

 Au plus fort des manifestations de l’an dernier, l’Université de la Colombie-Britannique s’est engagée à prendre une série de mesures visant à éliminer le racisme anti-Noirs sur son campus. Ces mesures comprennent une plus grande responsabilisation et une sensibilisation accrue à la discrimination contre les Noirs, ainsi que la promesse de se pencher sur les revendications du Black Caucus, un groupe formé en réaction à l’incident concernant Shelby McPhee. Dans le cadre de séances d’écoute organisées par le recteur, plusieurs groupes de la communauté noire ont fait part de leurs préoccupations quant à la façon dont l’établissement attire et garde les étudiants et professeurs noirs, au manque de chaires universitaires dans les domaines touchant la communauté noire et à la nécessité de renforcer la mineure en études africaines offerte par l’Université, selon M. Wright.

Handel Wright.
Photo de l’Université de la
Colombie-Britannique.

« Il faut attirer et embaucher, bien évidemment, mais aussi assurer la réussite, retenir et encadrer », affirme-t-il.

L’été 2020 s’est aussi révélé crucial pour l’Université Ryerson, à Toronto, qui a publié en juillet une évaluation du climat de racisme contre les Noirs sur son campus. Le document porte sur les expériences de la communauté noire de Ryerson, recueillies dans le cadre de groupes de discussions et d’entretiens individuels.

« Au cours de la dernière année, l’Université a élaboré et mis en œuvre des initiatives essentielles pour appuyer les membres de son corps étudiant, de son personnel et de son corps professoral, y compris de nouveaux mécanismes de soutien », explique Denise O’Neil Green, vice-rectrice, Équité et inclusion communautaire à l’Université Ryerson.

Mme O’Neil Green est aussi coprésidente du Comité de mise en œuvre contre le racisme anti-Noirs, créé par le recteur Mohamed Lachemi afin d’analyser ce qui est ressorti de l’évaluation. Le document comprend 14 recommandations dont l’application contribuerait à créer un environnement plus équitable et inclusif pour les membres de la communauté noire de Ryerson. Il propose entre autres de diversifier les programmes d’études, d’offrir une formation relative à la sécurité sur le campus, de créer des espaces réservés aux étudiants noirs sur le campus, d’augmenter la représentation des Noirs parmi les professeurs et d’offrir des possibilités d’avancement aux membres du personnel noirs.

Des priorités qui sont à l’image des cinq initiatives visant à combattre la discrimination raciale systémique envers lesquelles s’est engagé le recteur de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont, quelques mois à peine après que son établissement a une fois de plus été accusé de racisme.

Alors qu’elle expliquait la réappropriation de certains termes offensants par certains groupes, notamment les personnes racisées et les communautés LGBTQ, une chargée de cours de l’Université d’Ottawa a prononcé le mot en n en octobre 2020. Une situation qui a eu des échos jusque dans la Chambre des communes du Canada. Questionné par le chef du Bloc Québécois, le premier ministre Justin Trudeau avait pris position en dénonçant le racisme sous toutes ses formes.

Cette controverse récente n’était pas sans rappeler que l’Université d’Ottawa n’en était pas à ses premiers démêlés avec le racisme anti-Noirs sur son campus. Deux incidents survenus à quelques mois d’intervalle en 2019 ont forcé l’Université à amorcer une introspection.

Denise O’Neil Green. Photo de
l’Université Ryerson.

Après qu’une enquête a conclu qu’un étudiant avait bel et bien « fait l’objet de discrimination en raison de sa race », l’Université d’Ottawa avait créé le Comité consul­ta­tif du recteur pour un campus anti­ra­ciste et inclu­sif. N’existant que depuis un an, celui-ci a été remplacé par un Comité d’action antiracisme et inclusion à la suite des événements de 2020. Le mandat de ce nouveau Comité d’action comprend de faire l’examen et l’évaluation des programmes et des pratiques scolaires pour comprendre comment ils contribuent au racisme systémique.

En décembre dernier, l’Université d’Ottawa s’est également dotée d’un conseiller spécial, antiracisme et excellence en matière d’inclusion. Nommé pour un mandat d’un an, le professeur Boulou Ebanda de B’béri veille notamment à la mise en œuvre des recommandations du Comité d’action.

L’an dernier à Montréal, l’Université Concordia a aussi mis sur pied un groupe de travail chargé d’examiner le racisme contre les Noirs sur le campus. Ce groupe chapeaute huit sous-comités, et son mandat couvre tous les aspects de la vie universitaire, des services étudiants à la sécurité sur le campus en passant par l’éducation et les ressources sur l’antiracisme.

« Au départ, le groupe de travail avait un mandat d’un an, mais compte tenu de l’ampleur de la tâche, ce mandat a été prolongé à deux ans », explique Angélique Willkie, codirectrice du groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs et professeure agrégée de danse contemporaine à la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia.

En réponse à une lettre ouverte signée par plus de 7 000 personnes, les membres du conseil d’administration de l’Université Concordia ont aussi consenti à consolider l’initiative Perspectives noires — un programme de mentorat et de financement qu’Annick Maugile Flavien, codirectrice du groupe de travail, menait seule — afin qu’elle devienne officiellement une unité du Vice-rectorat exécutif aux affaires académiques.

« Annick faisait des miracles à un salaire de 15 ou 20 heures par semaine et en travaillait facilement le double, se rappelle Mme Willkie. Elle a fait un travail énorme pour la communauté noire de l’Université Concordia. Nous avons donc demandé que l’initiative soit rendue officielle et que la nécessité d’effectuer tout ce travail soit reconnue. »

Afua Cooper.

D’autres établissements ont décidé de prendre d’abord du recul et d’examiner dans quelle mesure le racisme contre les Noirs est inextricablement lié à leur histoire. En prévision du 200e anniversaire de l’Université Dalhousie — et à la demande insistante des membres de la communauté noire qui connaissaient bien le passé chargé de l’établissement — les dirigeants ont commandé la création d’un groupe de recherche de Lord Dalhousie sur l’esclavage et le racisme en 2016.

« De toute évidence, Lord Dalhousie était l’éléphant dans la pièce, explique Afua Cooper, professeure d’études sur les Noirs au Département de sociologie et d’anthropologie sociale de l’Université Dalhousie. C’était un raciste anti-Noirs, et de nombreux membres de la communauté noire de l’Université se sont dit : notre établissement s’apprête à célébrer son 200e anniversaire, mais son fondateur n’aimait pas les Noirs et souhaitait les expulser de la Nouvelle-Écosse. »

Pendant trois ans, les membres du groupe d’experts ont étudié des travaux de recherche réalisés au Canada, en Angleterre et en Écosse. Ils ont découvert des liens complexes entre l’Université et l’économie esclavagiste au Canada et dans les Caraïbes. Selon les principaux constats, ces liens remontent à la fondation de l’établissement. En 1880, la première source de financement de l’Université Dalhousie était un fonds appelé le fonds Castine. « Il s’agissait des frais que les navires devaient payer au bureau des douanes à leur arrivée au port, explique Mme Cooper. Ces navires arrivaient des Antilles chargés de sucre, de mélasse, de rhum, de cacao et de café provenant de plantations des Caraïbes où travaillaient des esclaves noirs. »

Selon le rapport, environ 12 000 £ provenant de ce fonds (un montant qui équivaudrait à un million de dollars aujourd’hui) ont servi à fonder l’Université. En 2019, après la publication de ces constats, la rectrice par intérim Terri Balser a présenté des excuses aux Noirs de la Nouvelle-Écosse au nom de l’Université Dalhousie.

Passer à l’action

Les travaux du groupe d’experts se sont révélés toujours aussi pertinents à la lumière des manifestations de l’an dernier, et l’Université continue d’instaurer des mesures qui respectent les recommandations du rapport. Cette année, elle a créé la bourse d’études Sankofa pour les étudiants d’ascendance africaine; les fonds ont déjà été versés à trois nouveaux étudiants pour le trimestre d’automne. Selon Mme Cooper, les bourses à l’intention des étudiants potentiels sont une forme de justice réparatrice.

De plus, ses collègues et elle ont fait pression pour la création du premier baccalauréat ès arts en études sur les Noirs au Canada; les cours commenceront en septembre 2022. (Une mineure existe déjà, mais elle sera transformée en baccalauréat.)

D’autres universités ont aussi entrepris des démarches pour contrer le racisme anti-Noirs sur leur campus. En plus de M. Wright, qui occupe la fonction de conseiller principal en matière d’antiracisme et d’excellence inclusive depuis novembre 2020, l’Université de la Colombie-Britannique a nommé deux responsables de la lutte contre le racisme. Un groupe de travail sur l’antiracisme, établi en décembre, a commencé ses travaux en mars.

« Il faut du temps pour que quelqu’un admette que la discrimination fait partie de sa nature. Je crois donc qu’il faut faire preuve de patience, de courage, d’endurance et de vigilance »

Angélique Willkie. Photo par
David Ward.

L’Université a aussi créé un nouveau mécanisme de financement pour les étudiants noirs potentiels, appelé Beyond Tomorrow Scholars Award. « Ce programme fournit une aide financière aux étudiants noirs de partout au pays qui excellent sur le plan des études et du leadership et qui n’auraient pas les moyens ou n’envisageraient pas nécessairement d’étudier à l’Université de la Colombie-Britannique », explique M. Wright.

La bourse d’études est déjà en place, et la première cohorte composée de 19 étudiants commencera les cours en septembre; 17 d’entre eux fréquenteront le campus de Vancouver et deux, le campus d’Okanagan. Après avoir embauché plus de professeurs noirs au cours de la dernière année, l’Université est en pourparlers avec le Black Opportunity Fund en vue de la création d’autres bourses qui permettraient aux étudiants noirs de fréquenter l’établissement.

À l’Université Concordia, l’intégration du Bureau des perspectives noires (anciennement connu comme étant l’initiative Perspectives noires) dans la structure de l’établissement a fait passer d’un à quatre le nombre de membres de l’équipe. Pour Mme Willkie, cette croissance est un pas dans la bonne direction et témoigne du sérieux de l’Université. Le groupe de travail doit publier des rapports d’étape à la fin de juin et un rapport final à la fin d’avril 2022.

Si ces changements paraissent lents, les personnes qui mènent cette transformation affirment que c’est souvent le cas. « Il faut du temps pour que quelqu’un admette que la discrimination fait partie de sa nature. Je crois donc qu’il faut faire preuve de patience, de courage, d’endurance et de vigilance », déclare Mme Willkie.

L’Université Ryerson, quant à elle, continue d’examiner diverses façons d’attirer et de retenir des professeurs noirs, y compris l’embauche par grappes. Selon Mme O’Neil Green, l’établissement envisage plusieurs stratégies qui continueront d’évoluer, telles que le recours à un vocabulaire ciblé pour les offres d’emploi.

L’Université Ryerson a aussi désigné un endroit réservé aux étudiants noirs sur son campus, qui n’a toutefois pas encore été utilisé en raison de la pandémie. Entre-temps, l’établissement fournit des espaces virtuels où les étudiants peuvent se réunir, échanger et se renseigner sur les ressources qui leur sont offertes. Mme O’Neil Green précise que l’Université augmente également le montant des bourses offertes aux étudiants noirs et met en place un processus d’évaluation pour les cours axés sur la diaspora africaine, caribéenne et noire.

« Ce genre d’évaluation nous permettra de cerner les lacunes et de corriger les disparités entre les programmes », affirme-t-elle.

Responsabilisation

 À l’Université Ryerson, les trois coprésidentes du comité de mise en œuvre contre le racisme anti-Noirs rendent compte du progrès des travaux du comité mensuellement au bureau du recteur.

Malinda Smith. Photo par Amber Bracken.

Le bureau de Mme O’Neil Green a aussi publié récemment un rapport sur la déclaration volontaire de la diversité étudiante, le premier de deux rapports importants prévus cette année. Ce document vise à rendre compte de la diversité au sein du corps étudiant de l’Université Ryerson et des correctifs à apporter pour augmenter le nombre d’étudiants issus de groupes sous-représentés et pour améliorer leur inclusion.

« [Les deux rapports] serviront à suivre les progrès réalisés quant à la proportion de professeurs, de membres du personnel et d’étudiants noirs dans tous les programmes », précise Mme O’Neil Green.

Et même si bon nombre des recommandations et des changements proposés sont déjà mis en œuvre dans divers établissements, certains demanderont plus de temps.

« Les gens ont tendance à vouloir des changements complets, immédiats et de grande portée », constate Mme Willkie.

Pour elle, et pour les autres étudiants et professeurs noirs qui collaborent avec les universités afin d’accélérer la transformation, la participation de la collectivité importe par-dessus tout. Cela revêt une importance particulière lorsqu’il est question de soutenir le travail de professeurs et d’étudiants noirs qui, selon Mme Smith de l’Université de Calgary, tentent d’apporter ces changements depuis des années — bien avant le réveil collectif de l’an dernier.

« Comment nous assurer que tous se sentent concernés? Ce n’est pas un enjeu que pour les Noirs, affirme Mme Willkie, c’est un enjeu pour tous. »

Avec la collaboration de Pascale Castonguay.

Rédigé par
Tayo Bero
Tayo Bero a remporté des prix à titre de rédactrice culturelle et réalisatrice radio. Ses écrits ont été publiés dans The Guardian, Refinery29, Chatelaine Magazine et The Walrus. Elle a également travaillé à la radio de CBC.
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  1. Louopou / 2 septembre 2021 à 14:15

    Très bon article. Merci beaucoup.

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