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Conseils carrière

Une nouvelle initiative pour améliorer la santé mentale des étudiants

Un programme de pairs aidants mis sur pied à l’Université de Montréal pour aider les étudiants en sciences infirmières ressentant une détresse psychologique.

par VALÉRIE BOUCHER ET AL | 15 JUIN 18

La santé mentale des étudiants est un sujet qui préoccupe les équipes de plusieurs facultés de différentes universités à travers le monde. En effet, plusieurs auteurs s’intéressent à la détresse psychologique des étudiants durant leur parcours universitaire que ce soit pour en identifier les causes et les conséquences ou pour connaître les moyens de la prévenir. Cette détresse psychologique, qui affecte les études, peut également mener les étudiants à avoir des idéations suicidaires, voir même à se suicider.

Il s’agit donc d’un enjeu crucial pour les milieux universitaires. L’Université de Montréal (U de M) n’échappe pas à ces préoccupations et c’est dans ce contexte que la Fédération des associations étudiantes de la communauté de l’Université de Montréal (FAÉCUM) a réalisé une enquête, à l’hiver 2016, portant sur la santé psychologique des étudiants de premier cycle de l’Université de Montréal. Plus spécifiquement pour la Faculté des sciences infirmières (FSI), ce sont 41 étudiants qui ont répondu à cette enquête. Les résultats obtenus ont permis de constater que les étudiants en sciences infirmières ont situé leurs résultats au questionnaire de sévérité des symptômes dépressifs dans la catégorie modérée pour ce qui est des catégories de dépistage des symptômes dépressifs. La moyenne obtenue au questionnaire de neuf items, coté sur une échelle de 0 à 3, est de 10,37/27 pour les étudiants en sciences infirmières. Cette note, située entre 10 et 14, nécessite des interventions telle que la consultation.

En ce qui concerne l’item au sujet des idéations suicidaires, les étudiants de la FSI obtiennent le résultat le plus élevé comparativement à l’ensemble des facultés de l’U de M. En effet, ce sont 9,6 pour cent des étudiants de la FSI interrogés qui ont indiqué avoir eu des idéations suicidaires sérieuses au cours des 12 derniers mois. Il est possible de croire que cette détresse ait un impact direct sur leurs apprentissages, leurs résultats académiques, leur performance lors des stages et puisse ainsi compromettre la réussite de leurs études.

À la suite de ces constats inquiétants, la FSI de l’U de M a décidé d’intervenir face à cette problématique et de développer un programme de pairs aidants. Cette initiative découle d’une recension des écrits qui a permis de constater que les étudiants préfèrent recevoir le soutien de leurs amis ou de leurs proches en premier lieu lorsqu’ils ne se sentent pas bien émotionnellement plutôt que de consulter un professionnel de la santé. C’est donc pour répondre à cette tendance des étudiants à se confier à des pairs que le programme Pair aidant en sciences infirmières de l’Université de Montréal (PASIUM) a émergé à la FSI.

Le PASIUM constitue donc un programme de soutien par les pairs qui vise la promotion de la santé mentale et le dépistage de la détresse psychologique. Il s’agit d’un programme autonome pour des étudiants et offert par des étudiants permettant de procurer un lieu de rencontre confidentielle ainsi que d’écoute ponctuelle favorisant le bien-être mental et affectif.

Ce programme a été développé grâce à la volonté du décanat de la FSI qui voulait améliorer la santé psychologique des étudiants. Pour débuter, le décanat a obtenu l’aide du PADUM (pairs aidant en droit de l’Université de Montréal) pour développer le programme. La professeure Christine Genest s’est impliquée dans cette initiative et elle est devenue la professeure responsable du programme. De plus, les associations étudiantes de 1er cycle et des cycles supérieurs ont rapidement été impliqués à leur tour. L’équipe a pu bénéficier d’un soutien de la part de deux psychologues du service d’aide aux étudiants de l’U de M, Sylvie Corbeil et Florence Déplanche.

Le recrutement de pairs aidants s’est échelonné sur une période d’un mois. Mme Genest et la coordonnatrice du programme, Valérie Boucher, ont visité les étudiants de tous les cycles dans tous les cours pour expliquer le programme et l’engagement de ceux-ci comme pairs aidants. Des annonces de recrutement ont été transmises aux étudiants et une publicité a été présentée sur différentes plateformes (pages Facebook des associations étudiantes et de la FSI).

Les étudiants ont très bien répondu à l’annonce : 14 candidatures d’étudiants provenant de différents cycles qui ont démontré un intérêt pour le programme ont été reçues. Chaque candidate a été rencontrée en entrevue. Ces pairs aidants ont reçu une formation de 12 heures offerte par deux psychologues du service d’aide aux étudiants de l’U de M. Cette formation abordait les thèmes suivants : le rôle de pair aidant, les problématiques pouvant être rencontrées par le pair aidant en action et les ressources disponibles à l’Université pour outiller le pair aidant dans son nouveau rôle.

Au final, 11 étudiants ont réellement exercé le rôle de pair aidant. Le local a ouvert ses portes en janvier 2018 à raison de trois jours par semaine, soit les lundis, mercredis et vendredis, et ce, sur une période de 7,5 heures par jour. Ces journées ont été sélectionnées pour assurer une présence régulière d’un pair aidant au local. Un pair aidant est présent dans le local durant les heures d’ouverture pour accueillir les étudiants, leur offrir une écoute et les référer aux professionnels et ressources disponibles sur le campus, au besoin. Les étudiants peuvent se présenter au local soit pour exprimer un trop-plein affectant leur santé psychologique ou simplement pour profiter d’un moment de silence ou de recueillement leur permettant de retrouver un bien-être psychologique et physique, de poursuivre leur apprentissage et, ainsi, de favoriser la réussite de leurs études.

Depuis son ouverture, le PASIUM a permis d’accueillir plus d’une quinzaine d’étudiants ressentant une certaine détresse psychologique. Les deux premiers mois suivant l’ouverture du local, on a constaté un faible achalandage. À la suite de ce constat, l’équipe du PASIUM, menée par les pairs aidants eux-mêmes, a accru la publicité entourant le programme par l’utilisation des réseaux sociaux et par la présence d’affiches promotionnelles dans toute la FSI. Les associations étudiantes de 1er cycle et des cycles supérieurs ont également été mises à profit pour faire de la promotion pour le PASIUM auprès de leurs membres.

Ces démarches ont permis de faire connaître un peu plus le local et les objectifs du PASIUM tout en faisant un rappel sur l’aspect confidentiel du programme. C’est à partir de la mi-mars que l’équipe de pairs aidants a constaté une augmentation de la fréquentation du local. La problématique d’anxiété est le motif principal de consultation mentionné par les étudiants. Les problèmes universitaires qui s’ajoutent à des composantes ou difficultés personnelles semblent être la cause de l’anxiété des étudiants. Par ailleurs, un projet de recherche est actuellement mené en lien avec le PASIUM pour évaluer le programme, son implantation et la satisfaction des étudiants ayant bénéficié du service. Les résultats de cette étude feront l’objet d’une publication ultérieure.

Toujours dans l’optique de promouvoir la santé mentale des étudiants, le PASIUM développe des activités favorisant le bien-être des étudiants. À cet effet, en avril dernier, une activité de zoothérapie avec le chien d’une paire aidante a eu lieu et a attiré un nombre record d’étudiants, ce qui leur a permis de se familiariser avec les lieux et de démystifier le PASIUM. Pour la prochaine année scolaire (2018-2019), en plus de la zoothérapie, plusieurs activités sont planifiées, telle que la tenue d’un kiosque faisant la promotion des ressources disponibles à l’Université et diverses activités de bien-être. L’organisation d’activités est rendue possible grâce au soutien du décanat, mais aussi grâce à l’implication des pairs aidants dans le PASIUM qui rendent le programme vivant.

Il est souhaitable qu’un tel programme soit implanté dans toutes les universités du Québec pour offrir aux étudiants ressentant une détresse psychologique une chance de discuter et d’accéder aux ressources. Le programme PASIUM, pour les étudiants par les étudiants, permet un échange sur leurs inconforts dans un environnement confidentiel loin du corps professoral et n’exige pas de prise de rendez-vous. Quoique le programme en soit encore à ces débuts, nous pouvons constater qu’il répond clairement à un besoin étudiant.

Le texte ci-dessus a été coécrit par des universitaires à la Faculté des sciences infirmières à l’Université de Montréal, soit Valérie Boucher, inf. M. Sc, coordonnatrice du programme PASIUM, Catherine Pépin, inf. B. Sc, paire aidante au PASIUM, Caroline Larue, inf. PhD, vice-doyenne aux études supérieures et à la recherche, Johanne Goudreau, inf. PhD, vice-doyenne aux études de premier cycle, et Christine Genest, inf. PhD, professeure adjointe.

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