À l’intérieur de la Laurentienne, on fait contre mauvaise fortune bon cœur
Plus que jamais, professeurs et employés s’appuient sur la réussite des étudiants pour se motiver.
Un an après le déclenchement du processus de restructuration sous la Loi des arrangements avec les créanciers de compagnies (LACC) de l’Université Laurentienne, les besoins des étudiants demeurent la priorité des professeurs et des employés. Malgré la colère et la tristesse, toutes deux encore présentes — et parfois l’envie de quitter —, le désir de former la prochaine génération permet à plusieurs de continuer à travailler au sein de l’établissement.
La peur et la nervosité font également partie du cocktail d’émotions négatives. Même avec la promesse de l’anonymat, les employés de l’Université refusent de parler aux médias. « Ils sont extrêmement nerveux », justifie le président du Syndicat des employés de l’Université Laurentienne (SEUL), Tom Fenske. La confiance envers l’administration est au plus bas « parce que nous n’avons pas encore pu la reconstruire ».
Une absence de confiance partagée par les professeurs, qui sentent que l’administration n’est pas honnête avec eux. Même lorsqu’ils sont invités à un « forum d’engagement », la fenêtre de clavardage est fermée. « Ça veut dire “on ne veut pas vous entendre” », raconte l’un d’entre eux qui préfère conserver l’anonymat.
Lorsqu’ils arrivent à poser des questions, les réponses du recteur sont souvent jugées vide de sens. « J’ai été à trop de rencontres où j’ai vu, soit le recteur, soit la vice-rectrice, avancer des propos et, quand les gens tentent de les réinterpréter pour être sûrs de les comprendre, on revient sur ce qu’on a dit, on manipule les mots et on retourne ça en disant que la personne n’a pas compris. Mais 40 personnes ne peuvent pas avoir toutes compris la même chose et avoir mal compris en même temps », raconte le professeur.
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« C’est pour contrôler le message, avance M. Fenske. C’est ridicule quand on y pense. Nous sommes dans une université au Canada, où la liberté de pensée et la liberté d’expression devraient être à l’avant-plan de tout ce que nous faisons. »
Étant donné que le recteur et vice-chancelier, Robert Haché, n’était pas disponible pour une entrevue, l’établissement a répondu par écrit être « sur une voie difficile et nécessaire du changement transformationnel. Au cours de la difficile tâche de restructuration, nous traversons un processus complexe faisant entrer en jeu de nombreuses parties concernées avec l’assistance d’une contrôleuse nommée par la Cour et sous la supervision directe de celle-ci. En particulier, à la lumière du soutien de la province, nous demeurons confiants que la Laurentienne émergera pleinement restructurée, financièrement viable et renouvelée pour le long terme ».
Le travail continu
Rappelons que le corps professoral a perdu une centaine de membres. Le SEUL en a aussi perdu plusieurs : 41 membres, dont 27 étaient permanents. La perte de ces employés touche aussi les professeurs. Des départements n’ont maintenant plus de personnel administratif, ce qui oblige les professeurs à faire plusieurs tâches qu’ils n’avaient pas auparavant, et ce, en plus de la charge d’enseignement qui a augmenté.
« Je commence mes journées avec un plan et, sans exagérer, il n’y a pas une journée depuis le mois de septembre où j’ai été capable de le respecter, parce qu’il y a toujours des choses qui viennent tout chambouler », raconte le professeur qui a accepté de nous parler. Une situation qui affecte les principaux aspects de leur travail; l’enseignement et la recherche.
Tout n’est pas en suspens en attendant la fin du processus de restructuration, insiste le directeur de l’École des arts libéraux et professeur au doctorat, Simon Laflamme. Dès qu’il a accédé à ce poste en septembre 2021, il a cherché à recréer deux écoles à partir de cette nouvelle structure qui en avait absorbé d’autres. Il n’est pas le seul à tenter de rebâtir ce qui a été démoli.
D’ailleurs, avec son collègue Ali Reguigui, ils ont pu faire approuver une nouvelle maîtrise interdisciplinaire en études relationnelles. M. Laflamme cherche aussi à ramener des cours supprimés le printemps dernier, tels que des cours de philosophie, de langue et autres.
Les étudiants à la source de la solution
« Dans [ma] faculté, il y a une grande colère contre l’administration et une grande tristesse. Mais, en même temps, il y a une grande énergie du corps professoral restant pour
reconstruire », raconte M. Laflamme. Pour lui, le nombre a diminué, mais pas la qualité ou la compétence des professeurs.
« Il y a plusieurs professeurs qui se sont beaucoup impliqués pour sauver les diplômes de plusieurs étudiants, parce que les patrons n’avaient pas évalué les conséquences des compressions », ajoute-t-il. La relation avec les étudiants est ce qui est resté le plus stable et le plus gratifiant, affirme le directeur.
Selon M. Fenske, se concentrer sur le bien-être des étudiants permet aux employés de donner un sens à leur travail. « C’est la chose que l’on peut encore contrôler. » Mais même cet aspect peut être frustrant à travers les restrictions financières imposées par la LACC et qui s’ajoutent à celles de la pandémie.
« Je suis soulagé de pouvoir continuer à faire le travail que j’aime. J’ai le cœur en morceaux pour ceux qui ne sont pas là », dit le professeur anonyme.
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
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