Anxiété chez les étudiant.e.s : une hausse se chiffrant à 29 % depuis 2018
Il faudra offrir des services de santé mentale flexibles cette année, selon un nouveau rapport.
Anxiété, difficultés d’apprentissage attribuables aux cours en ligne, problèmes de concentration et lassitude à l’égard de la pandémie sont, selon un rapport national, les principales raisons qui ont amené les étudiant.e.s à recourir aux services de bien-être et de santé mentale de leur établissement.
Un sondage en ligne auquel des professionnel.le.s des affaires étudiantes et de la santé mentale de 69 campus postsecondaires canadiens, dont les trois quarts sont des universités, a mené à ce rapport intitulé La santé mentale des étudiants sur les campus canadiens : les effets persistants de la COVID-19. Ce dernier a été publié par la Commission de la santé mentale du Canada et l’Association des services aux étudiants des universités et collèges du Canada. Réalisé au milieu de 2021, ce sondage couvre l’année scolaire 2020-2021 ce qui correspond aux deuxième et troisième vagues de la pandémie. Il fait suite à des sondages semblables menés chaque année depuis 2018.
Les répondants devaient classer les problèmes les plus fréquemment cités par les étudiant.e.s qui demandent de l’aide. L’anxiété trône toujours au sommet de la liste, avec une hausse de 29 % depuis 2018. Vient ensuite la dépression, qui a connu une légère baisse en quatre ans, mais qui remonte.
L’incertitude pandémique, conjuguée à l’absence d’activités propices au bien-être, dont les sorties entre ami.e.s et les entraînements en salle, « a été vraiment difficile » pour les étudiant.e.s, affirme Lina Di Genova, directrice de la stratégie et de l’évaluation aux Services aux étudiants de l’Université McGill. Elle a corédigé le rapport avec Tayyab Rashid, psychologue clinicien à l’Université de Toronto à Scarborough.
« Quand on ne sait pas à quoi s’attendre, on est forcément plus anxieux : on ne peut rien planifier ni préparer, explique-t-elle. Cette incertitude a d’énormes répercussions sur l’apprentissage. »
Les problèmes d’attention et de concentration ont connu une croissance particulièrement rapide, avec une hausse de 16 % en un an. Ils s’établissaient à 9 % en 2020, puis ont grimpé à 18 % en 2021. On observe une hausse comparable pour les problèmes de nature scolaire, notamment en matière de technologies et de communication avec les professeur.e.s.
Un nouveau problème de santé mentale
Les répondants ont également rapporté des taux élevés de fatigue liée à la pandémie dès l’été 2021. (Par « fatigue liée à la pandémie », on entend celle ressentie face aux directives de santé publique.) Le groupe de recherche a constaté que cette lassitude est souvent associée à l’anxiété, à l’isolement, au stress financier et à une charge de travail accrue en raison des cours en ligne.
Comme il n’existe aucun traitement ciblé, M. Rashid conseille aux universités d’agir sur les facteurs connexes. « Ce serait bien de mettre en place, pour 2022, des programmes conçus pour briser l’isolement social », suggère-t-il.
Selon les responsables de l’équipe de services de counseling de l’Université de Waterloo, le rapport reflète les tendances observées dans la population étudiante. Ils expliquent que les forums de discussion hebdomadaires ont créé beaucoup de lassitude chez les étudiant.e.s. Ces forums étaient conçus pour amener les étudiant.e.s à échanger malgré les cours à distance. Or, leur utilisation systématique a été vue par les étudiant.e.s comme « une activité scolaire de plus et une incitation à rester connecté.e.s en permanence », raconte l’équipe dans un courriel à Affaires universitaires.
L’équipe ajoute que les étudiant.e.s tenaient à avoir des services de soutien à distance malgré les nombreuses perturbations. Les séances de counseling en groupe ont été particulièrement utiles pour briser l’isolement.
Près de la moitié des responsables des services aux étudiant.e.s disent avoir eu de la difficulté à s’ajuster aux contraintes juridiques et autres associées à la prestation de services de santé mentale en dehors du territoire d’exercice de leurs professionnel.le.s, que ce soit dans une autre province ou un autre pays. Beaucoup d’universités ont fait appel à des fournisseurs externes comme Mon PSE, une application de counseling conçue par l’entreprise torontoise de ressources humaines LifeWorks, pour offrir de l’aide en direct et d’autres ressources sans enfreindre les règles territoriales.
Quand M. Rashid fournissait des services en ligne pendant la pandémie, il demandait d’abord : « Johnny/Amalie, où êtes-vous actuellement? Admettons que je parle à des étudiant.e.s à Beijing. On fait quoi s’il arrive quelque chose pendant ou après la session? Comment peut-on les aider si, par malheur, ils sont suicidaires ou en crise? » Le rapport contient des recommandations pour le personnel des services aux étudiant.e.s : évaluer le niveau de détresse en début d’année scolaire pour cibler les étudiant.e.s à risque, puis concevoir, en collaboration avec des étudiant.e.s, des campagnes de réduction de la lassitude pandémique. Il comprend également une longue annexe remplie de suggestions pour la conception et la prestation de services fondés sur des études et des pratiques cliniques.
Adapter l’offre
Les deux universitaires enjoignent aux services aux étudiant.e.s de reconnaître que les étudiant.e.s vivront une nouvelle transition cet automne puisque les campus tenteront d’offrir plus de cours, de services et d’activités en personne, notamment en formule hybride. M. Rashid raconte qu’un de ses clients était anxieux à l’idée de changer de routine et d’apprendre de nouvelles méthodes d’étude après deux ans de formation à distance.
« Les gens ont vécu tellement de changements qu’il leur faudra encore un peu de temps pour s’ajuster, ajoute Mme Di Genova. Il faut en tenir compte au lieu de présumer que tout rentrera dans l’ordre. »
À leur avis, les infrastructures de services aux étudiant.e.s devront rester flexibles et réactives. Les fournisseurs de services pourraient, par exemple, utiliser la Norme nationale du Canada sur la santé mentale et le bien-être des étudiants du postsecondaire de la Commission de la santé mentale du Canada pour évaluer les services sur le campus, mais aussi pour réfléchir aux services qui pourraient être impartis, possiblement au moyen de partenariats.
« Nous sommes particulièrement aidants et efficaces en offrant des services réactifs, flexibles, et axés sur l’accès rapide et l’intervention précoce », souligne Vera Romano, directrice du Pôle bien-être étudiant de l’Université McGill. Basé sur un modèle de services intégrés, le Pôle a été créé six mois avant le début de la pandémie. Mme Romano affirme qu’il est « parfaitement adapté » au contexte pandémique, notamment pour la prestation de services en ligne. Elle précise toutefois que l’Université McGill applique plusieurs bonnes pratiques qui contribuent à la qualité des services. En effet, l’Université évalue constamment les besoins et l’efficacité, analyse des données, dont celles du rapport sur la santé mentale sur le campus, et consulte le personnel, les professeur.e.s et les étudiant.e.s.
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.