Faire découvrir le vaste champ de l’internationalisation de l’enseignement supérieur

Sept professeurs d’autant d’universités québécoises collaborent pour créer un cours en ligne sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur.

28 avril 2022

« Je voulais créer un cours sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur, mais c’est quand même un sujet très spécifique », raconte Olivier Bégin-Caouette, professeur adjoint en enseignement supérieur comparé à l’Université de Montréal et membre du Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur l’enseignement supérieur (LIRES). En effet, certaines universités — comme l’Université de Toronto, où M. Bégin-Caouette a fait son doctorat — offrent déjà des cours sur le sujet. « De retour au Québec, je trouvais qu’il y avait un manque », remarque-t-il.

Vaste champ

Le champ de l’internationalisation ne se limite pas à l’accueil d’un nombre croissant d’étudiants internationaux. « C’est tellement vaste! », constate Nicole Lacasse, professeure en droit international à l’Université Laval. L’internationalisation de l’enseignement supérieur se décline pour chacune des grandes missions de l’université : enseignement, recherche et service aux collectivités. « C’est aussi vrai pour le collégial », note Martin Maltais, professeur en financement et politique éducative à l’Université du Québec à Rimouski.

La réalité de l’internationalisation prend différentes formes, du plus petit projet à la stratégie d’établissement : coopération Nord-Sud entre universités, séjour à l’étranger pour les étudiants, mobilité enseignante, internationalisation de la recherche notamment dans les structures de plus en plus mixtes, recrutement de professeur.e.s à l’international, programmes conjoints et cotutelles… « On ne fait pas de l’internationalisation pour prendre l’avion. C’est pour offrir un meilleur programme, pour faire vivre une expérience, être meilleur en recherche, et mieux servir notre mission sociale », précise Mme Lacasse.

Collaboration fructueuse

M. Bégin-Caouette, qui s’intéresse au sujet depuis une douzaine d’années, a vu dans l’appel à subvention pour le développement concerté de formation à distance du ministère de l’Enseignement supérieur une occasion unique. Il a alors tendu des perches. Au total, sept professeurs (tous membres du LIRES) de sept universités différentes ont répondu à l’appel et sont intervenus de diverses façons au cours du processus.

Le trio formé par M. Bégin-Caouette, M. Maltais et Mme Lacasse enseignera le cours. La collaboration entre ces experts était essentielle : « les expertises professionnelles étaient morcelées. Travailler en équipe a permis de construire quelque chose qu’on n’aurait pas pu faire seul », explique M. Maltais.

Les trois professeurs, qui ont bâti le cours à plusieurs mains, se complètent dans leurs champs d’expertise : M. Maltais s’intéresse aux politiques (il a d’ailleurs été directeur adjoint et conseiller pour plus d’un ministre de l’Éducation); Mme Lacasse, qui a elle-même été responsable de la stratégie et du développement de l’internationalisation de l’Université Laval, abordera les questions de gouvernance et de stratégie; et M. Bégin-Caouette traitera finalement des activités, des fondements et des concepts. Les quatre autres professeurs faisant partie de l’initiative ont contribué soit en aidant à préparer la demande de subvention, ou lors de l’élaboration du contenu du cours.

Enjeux multiples

Ce nouveau cours vise donc à faire découvrir ce vaste sujet ainsi qu’à partager réflexions et bonnes pratiques, tout en incluant un volet critique de ce champ de recherche émergent. Parce que pour l’instant, plusieurs initiatives sont des projets individuels, et ad hoc. « On veut faire saisir l’ampleur de l’internationalisation, et l’importance d’analyser le phénomène à un niveau organisationnel. Ce n’est pas juste de la bonne volonté, et des initiatives individuelles. Il y a des façons de faire, et des connaissances et compétences à acquérir », résume Mme Lacasse.

Large public cible

Ce premier cours sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur offert en français sera mis à l’horaire en mai 2023 par l’Université de Montréal, et chaque session d’été ensuite, espèrent les professeurs. Le cours se donnera en ligne, de manière asynchrone (à l’exception de quatre séances synchrones), en format intensif équivalent à deux séances par semaine. Les personnes qui ne sont pas inscrites à l’Université de Montréal doivent conclure une entente via le Bureau de coopération interuniversitaire ou s’inscrire comme étudiant libre.

Trois publics sont ciblés : d’abord, les cadres et professionnels des établissements collégiaux et universitaires qui travaillent dans le secteur de l’internationalisation de même que les employés du gouvernement. « Ces gens ont des formations diversifiées, souvent en relations internationales, mais ils doivent apprendre la réalité de l’internationalisation de l’enseignement supérieur “sur le tas” », explique M. Bégin-Caouette. La formation leur permettra de comprendre comment opérationnaliser et appliquer leurs savoirs. Les étudiants de deuxième cycle qui s’intéressent à ce champ comme objet d’études peuvent également s’inscrire au cours. Les modules et les capsules pourront varier selon les parcours de l’apprenant.

Déjà, l’intérêt est au rendez-vous. Le cours sera inclus dans la maîtrise en études internationales de l’Université de Montréal, et dans le nouveau diplôme d’études supérieures spécialisées en enseignement supérieur. Le siège social de l’Université du Québec souhaiterait que la formation soit offerte aux professionnels du réseau qui œuvrent en internationalisation. Soulignons que le cours pourrait aussi intéresser le reste de la francophonie internationale, qui rencontre des enjeux similaires.

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