La science s’invite dans la campagne électorale

Cinq candidats aux élections fédérales discutent de leurs orientations en matière de science et de recherche en français.

03 octobre 2019

Dépeint comme une rare occasion de parler de science et de recherche dans le cadre de la campagne électorale, le Bar des sciences tenu à Ottawa le 18 septembre dernier a entre autres permis aux 75 personnes rassemblées de questionner les candidats représentants les cinq principaux partis politiques canadiens, soit le Parti libéral, le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois et le Parti vert.

Au cours des 90 minutes de débat, il a été question de financement de la recherche et des institutions de recherche, de la place qu’on laisse aux scientifiques, aux données probantes et à l’intégrité scientifique ainsi que de la place du français en recherche.

Organisé par l’Acfas, en collaboration avec l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), cet événement visait à inscrire les thématiques de la science et de la recherche à l’agenda des futurs élus. « C’est un sujet important, il y a des électeurs qui s’en préoccupent et qui souhaitent en entendre parler pendant la campagne », souligne Lyne Sauvageau, présidente de l’Acfas.

Jugeant que « c’est le bon moment pour positionner nos enjeux », Mme Sauvageau ne cache pas avoir voulu tirer profit de l’ouverture dont font généralement preuve les candidats dans le cadre d’une campagne électorale. Bien que ce soit rare que la science fasse partie des enjeux électoraux, elle estime que c’est davantage le cas cette année. « Avec toute la question des changements climatiques, c’est peut-être un petit peu plus présent, mais il y a plus que ça », précise-t-elle.

À son avis, les changements climatiques permettent de faire entrer la science dans le débat électoral. « C’est effectivement un enjeu majeur pour lequel on a actuellement toute une série de données probantes pour lesquelles on a du mal à engager l’action. Je trouve que c’est une bonne locomotive sur laquelle s’accrocher pour montrer toute l’importance qu’a la recherche dans le monde d’aujourd’hui. »

Au-delà de ce qu’ont pu partager les candidats, Mme Sauvageau voit d’un bon œil qu’il y ait eu beaucoup de questions. « Le gain le plus important qu’on a fait, ce n’est pas tant d’entendre là où sont les candidats aujourd’hui, mais d’avoir sensibilisé les candidats au fait qu’il y a des gens intéressés par la recherche et la science et que c’est un enjeu important. »

Les questions du public ont notamment amené les candidats à se prononcer sur l’avenir du poste de la conseillère scientifique en chef du Canada, entre autres en ce qui concerne la possibilité d’ajouter à son mandat la promotion et l’appui de la recherche scientifique en français. En plus de tous être en faveur du maintien en poste de Mona Nemer, agissant à titre de conseillère scientifique en chef depuis septembre 2017, les candidats néo-démocrate (Éric Chaurette – Gatineau) et conservateur (Dave Blackburn – Pontiac) ont même évoqué la possibilité d’étendre ses pouvoirs afin qu’elle se rapporte à l’ensemble des parlementaires plutôt qu’au premier ministre et à la ministre des Sciences. De son côté, la candidate libérale sortante dans Ottawa-Vanier, Mona Fortier, a mentionné avoir eu en septembre une conversation avec la principale intéressée qui a récemment fait une évaluation visant à explorer comment elle pourrait améliorer son rôle et élargir son mandat. « Les recommandations qu’elle a faites vont être étudiées et la question du français, il faut que ça fasse partie du rôle de la conseillère scientifique », soutient Mme Fortier.

Si le chercheur postdoctoral à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Martin Normand, a obtenu une réponse à sa question quant à la stabilité du mandat de Mme Nemer, il n’a pas trouvé pour autant qu’un des partis représentés ait réussi à se démarquer du lot.

Estimant que « la question de la culture scientifique et de la recherche devrait occuper une place plus importante dans les programmes des partis politiques et dans l’action gouvernementale », celui-ci a assisté dans l’espoir de « voir l’engagement des partis à ce qu’on en fasse une véritable priorité et qu’on adhère à l’idée qu’on a un besoin de recherche scientifique et de données probantes pour prendre des décisions réfléchies en matière de politiques publiques ». En fin d’événement, il indiquait être en partie resté sur sa faim.

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