Le taux d’approbation des demandes de subvention diffère entre chercheuses et chercheurs, révèle une étude
Les différences dans la formulation des demandes ne semblent toutefois pas en cause.
Selon une récente étude, les chercheuses en début de carrière font face à un taux de refus plus élevé que les chercheurs dans leurs demandes de subventions à la découverte présentées au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG). L’étude démontre également que lorsque leur demande est acceptée, les femmes reçoivent un montant inférieur à celui accordé aux hommes.
Les auteures de l’étude ont voulu savoir si ces écarts s’expliquaient par des différences dans la formulation des résumés de projets dans les demandes, mais elles n’ont relevé aucune différence significative. Mackenzie Urquhart-Cronish, doctorante, et Sarah Otto, professeure en zoologie, de l’Université de la Colombie-Britannique, ont publié leur étude en septembre, dans la revue à libre accès FACETS.
Les auteures ont analysé d’un point de vue sexospécifique le texte des résumés dans près de 2 000 demandes de subventions à la découverte de 2016, à la recherche d’énoncés dénotant par exemple une pensée analytique ou une charge émotive. « De telles différences d’expression entre les sexes ont été démontrées dans la langue générale, mais pas nécessairement dans le discours scientifique », indique Mme Urquhart-Cronish. Elles peuvent éveiller des préjugés inconscients « ou influencer les résultats des demandes d’une façon qui nous était inconnue », ajoute Mme Otto, qui explique qu’une fois qu’ils les connaissent, les demandeurs et les évaluateurs peuvent se pencher sur les facteurs potentiels de partialité.
Les chercheuses ont aussi analysé le nombre de demandes présentées et acceptées entre 2012 et 2018, en plus du montant accordé. Un algorithme d’association par nom a servi à déterminer le sexe du demandeur en l’absence de ce renseignement dans les demandes. Les auteures reconnaissent que leur méthode pour connaître le sexe des demandeurs n’est pas infaillible, surtout en ce qui concerne les personnes non binaires. Leur analyse s’est aussi penchée sur le financement accordé selon la discipline et selon les différentes étapes de la carrière.
Parmi les demandeurs de 2016 ayant déclaré leur sexe, 67,5 pour cent des hommes et 64,6 pour cent des femmes ont reçu une réponse positive. La proportion de femmes ayant obtenu du financement selon la discipline allait d’environ dix pour cent en sciences physiques, génie et mathématiques à quelque 30 pour cent en sciences de la vie et de la Terre. La subvention moyenne versée aux demandeuses s’élevait à 33 155 dollars par année. Pour les mêmes disciplines et étapes de la carrière, les bénéficiaires masculins ont reçu 1 756 dollars de plus.
L’étape de la carrière est le critère qui a le plus d’incidence sur le résultat de la demande. Plus de femmes (40 pour cent) que d’hommes (33 pour cent) en début de carrière ont essuyé un refus. « Les inégalités qui défavorisent les chercheuses ayant encore peu d’expérience représentent potentiellement un frein à leur carrière. Il faut creuser cette question », écrivent les auteures.
« Cette étude est intéressante, car elle met en lumière les écarts », affirme Rebecca Goldin, professeure en mathématiques à l’Université George Mason et directrice du projet STATS, une collaboration entre l’American Statistical Association et l’organisation Sense About Science USA. Mme Goldin souligne toutefois que les auteures n’ont pas analysé la qualité des demandes et que « même si les évaluateurs connaissent le sexe des demandeurs, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils ont un parti pris ».
Mme Goldin met également en doute la « valeur » de l’analyse linguistique. Le résumé scientifique (partie des demandes de subvention accessible publiquement) est parfois rédigé très différemment du reste de la demande. Lesley Shannon, professeure en génie à l’Université Simon Fraser et titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie du CRSNG (Colombie-Britannique et Yukon), partage cet avis. « Il serait bien qu’elles analysent l’ensemble des propositions », croit-elle. Mmes Goldin et Shannon n’ont pas participé à l’étude.
Selon les auteures, les causes fondamentales des écarts relevés demeurent inconnues. Néanmoins, soutiennent-elles, l’étude démontre la nécessité de « réduire les obstacles auxquels font face les membres des groupes sous-représentés au fil de leur carrière ».
Martin Leroux, conseiller principal en communications au CRSNG, affirme que son organisme « est conscient des défis auxquels font face les femmes en sciences, technologie, génie et mathématiques, surtout en début de carrière ». Au cours des dernières années, le CRSNG a pris des mesures visant à accroître l’impartialité dans l’évaluation des demandes, entre autres la collecte des renseignements autodéclarés plus précis provenant des demandeurs depuis 2018. « Les organismes subventionnaires collaborent afin d’éliminer les problèmes d’ordre culturel et systémique en recherche et de créer un milieu qui favorise l’inclusion et la diversité en général, au-delà de la seule question de l’égalité entre les sexes », indique M. Leroux.
Mmes Urquhart-Cronish et Otto ont communiqué leurs résultats au CRSNG. Elles prévoient aussi examiner leurs conclusions avec l’organisme et étudier la possibilité de mener une étude plus approfondie.
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
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