Un projet historique pour l’éducation des Autochtones au Québec
Le projet de l'Université des Premiers Peuples au Québec prend forme grâce à un partenariat entre le Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN) et les universités québécoises.

« C’est historique ! », se réjouit le directeur général du Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN), Denis Gros-Louis. Le projet d’Université des Premiers Peuples au Québec prend progressivement forme, avec l’annonce, à la mi-février, par le CEPN d’un partenariat avec les universités québécoises. Ce partenariat vise à mettre en place une offre de cours spécialement adaptée aux étudiants autochtones, avec l’objectif de développer un plan d’affaires pour la création de la Maison des savoirs, à soumettre d’ici 2027 au ministère de l’Enseignement supérieur. « Toutes les universités québécoises ont montré de l’intérêt dès le départ à être partenaires du projet pour contribuer aux savoirs de la nouvelle institution », ajoute M. Gros-Louis. Plutôt que de développer le projet de manière isolée, les initiateurs ont choisi de consulter immédiatement les universités.
Ghislain Picard, ex-chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador a réagi par voie de communiqué. « La Maison des savoirs est le résultat de la ténacité des communautés à réaffirmer leur autodétermination en éducation. Elle répond à un besoin réel et contribuera à la tendance observée d’augmentation du nombre de diplômés autochtones au cours des dernières années. Ce projet incarne la vision commune des Premières Nations de revendiquer pleinement la maîtrise de leur éducation. Cinquante ans après la politique nationale “Maîtrise indienne de l’éducation indienne”, je me réjouis de voir cette initiative prendre forme. »
Le projet vise à combler le retard éducatif des Premières Nations, notamment en améliorant les taux de diplomation et en augmentant le nombre de professeurs qualifiés.
Une suite à l’Entente régionale en matière d’éducation
En juillet 2022, les communautés du CEPN ont signé une entente historique de financement avec le gouvernement fédéral, visant à rattraper un retard datant de 1996 concernant le financement de leurs écoles. « Dans le contexte où notre jeunesse est très dynamique et beaucoup plus présente, on s’est rendu compte qu’il avait un peu de retard dans la diplomation et ça a amené nos chefs à dire il était temps qu’on se dote de notre propre réseau universitaire. » admet M. Gros-Louis.
Le CEPN utilise son collège Kiuna comme base d’apprentissage en attendant la création de Chaires de recherche et de personnes expertes dans les prochaines années. Le taux de réussite scolaire des Premiers Peuples a considérablement augmenté, et le besoin d’une institution universitaire entièrement autochtone est désormais plus pressant. « L’objectif est de rendre l’enseignement universitaire accessible aux étudiants des Premières Nations, que ce soit en région urbaine ou éloignée, en tirant parti des expériences des universités québécoises. »
Le projet de l’Université des Premières Nations se divise en plusieurs chantiers clés. Le premier objectif est de préparer les étudiantes et étudiants à devenir une main-d’œuvre active rapidement, en maîtrisant les besoins financiers au cours des premiers 18 mois. Le deuxième et troisième chantier concernent la gestion de l’université selon les valeurs et couleurs des Premières Nations, tout en réfléchissant à la manière de l’intégrer profondément dans leur culture. Ces priorités viennent directement des chefs des communautés des Premières Nations.
Un sondage est en cours afin d’identifier les besoins spécifiques des communautés, notamment en matière de main-d’œuvre et de formation. Les chefs des communautés doivent prendre des décisions basées sur les besoins anticipés en main-d’œuvre et en connaissances pour les 15 prochaines années. « La santé et l’éducation sont des thèmes qui reviennent beaucoup, on a aussi tout le côté langue et culture et j’entends de plus en plus parler des besoins de l’autosuffisance alimentaire, donc comment utiliser les connaissances traditionnelles puis les moderniser dans l’optique de réduire la dépendance bioalimentaire en milieu éloigné », explique Denis Gros-Louis.
Le projet prévoit également un partenariat avec le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec pour l’accueil des étudiants. Ce dernier jouera un rôle important dans le projet principalement en se concentrant sur l’accueil des personnes étudiantes des Premières Nations et les aspects logistiques et d’accompagnement, comme l’hébergement et le soutien au bien-être des étudiants.
Le responsable rappelle que bien que la gouvernance de l’établissement soit composée de membres issus des Premières Nations et que l’institution vise à répondre aux besoins des personnes de ces communautés, la Maison des Savoirs sera ouverte à tous. Denis Gros-Louis mentionne avoir travaillé sur la création de l’Université pour les Premières Nations en Saskatchewan dans les années 2000, en tant qu’ancien responsable des terres indiennes. Bien qu’il n’ait pas été présent lors de l’ouverture, il s’est rendu plusieurs fois sur place et a suivi de près le projet. Il souligne que l’exemple de la Saskatchewan peut inspirer, mais que les besoins des Premières Nations au Québec sont totalement différents. « Le projet devra attendre l’approbation du plan d’affaires par le gouvernement. Des rapports sont envoyés tous les six mois à la ministre pour la tenir informée et engagée. Le projet progresse positivement, avec l’espoir de voir une date concrète de lancement dans un avenir proche. » conclut M. Gros-Louis.
Postes vedettes
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (didactique de l’activité physique et sportive, santé et bien-être - poste francophone)Université d'Ottawa
- Doyenne ou doyen - Faculté de génieUniversité de Sherbrooke
- Éducation - Professeure adjointe ou professeur adjoint (autochtone, programme anglophone)Université d'Ottawa
- Vice-rectrice ou vice-recteur à la formation et à la rechercheUniversité du Québec à Rimouski
- Doyenne ou doyen, Faculté d’éducationUniversité de Sherbrooke
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.