Une école d’été sur les droits des personnes en situation de handicap

Enseigné pour la première fois par une personne en situation de handicap, ce cours a été conçu de façon à passer d’un modèle médical à un modèle social.

15 juin 2022

Proposée depuis 2017, l’école d’été Droits, citoyenneté et handicap : stratégies d’émancipation fait désormais partie du nouveau programme court de 2e cycle Handicap et sourditude : droits et citoyenneté qui est offert à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis l’automne dernier. Ce programme s’adresse aux intervenant.e.s qui travaillent auprès des personnes en situation de handicap ou des personnes sourdes dans les milieux de la santé et des services sociaux, de la fonction publique ou de l’enseignement entre autres. « On veut ramener le handicap à l’avant de la scène, parce que, malheureusement, la notion de handicap ne fait pas toujours partie intégrante d’une pratique en enseignement supérieur », explique Sylvain Le May, chargé de cours responsable de l’école d’été qui a, cette année, réuni 20 étudiant.e.s et 35 intervenant.e.s des milieux de l’action communautaire et des services publics.

Un modèle social de handicap

Le programme court comprend deux cours en plus de l’école d’été, soit Handicap et sourditude : stratégies de communication, de recherche et d’action et Représentations médiatiques du handicap et de la sourditude. « Les autres cours du DESS abordent davantage la représentation sociale, la présence dans les médias, la construction identitaire et la culture sourde. Pour ma part, j’ai construit l’école d’été dans une perspective de droit, d’inclusion et de diversité afin de passer d’un modèle médical à un modèle social de handicap », poursuit M. Le May, qui est le premier enseignant en situation de handicap à donner le cours.

La formation intensive qui s’est déroulée du 16 au 20 mai derniers avait pour objectif de mieux comprendre les droits des personnes en situation de handicap de même que les stratégies d’intervention et de recherche afin de soutenir leur émancipation. « Dans la perspective que le handicap est extérieur à l’individu et causé par des facteurs culturels ou environnementaux, comment contrer ces facteurs-là? C’est par le dialogue, par une prise de conscience et par le partage d’expertises mixtes et diversifiées », pense le chargé de cours, qui est également commissaire à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

À la fois pratiques et théoriques, les journées de cours se divisaient en deux parties. En matinée, des conférences ouvertes au public visaient à favoriser le dialogue social sur des sujets tels que le handicap en emploi, l’exercice des droits, l’éducation et les pratiques inclusives ainsi que les droits politiques. « L’objectif avec ces matinées était de briser les plafonds de verre par des prises de parole et aussi d’aller chercher des expert.e.s complémentaires à ceux de l’UQAM », précise-t-il. La vingtaine d’étudiant.e.s se retrouvaient par la suite en après-midi pour participer à des ateliers tripartites (milieux universitaire, communautaire et professionnel) portant sur les grandes catégories de droits : civils, culturels, sociaux, économiques et politiques.

Un espace bienveillant

Marie Houzeau, directrice générale du GRIS-Montréal, s’est inscrite à l’école d’été dans le cadre de sa maîtrise sur mesure en équité, diversité et inclusion à l’Université Laval. « Le cours m’apparaissait extrêmement riche, dit-elle. Il y avait une diversité dans les approches, les invités et les sujets abordés. » L’expérience a dépassé ses attentes. « Sylvain Le May a réussi à créer un espace bienveillant favorisant l’apprentissage et la participation de tout un chacun, ce qui a permis de créer des liens et des conversations à l’intérieur du groupe-classe ainsi qu’un partage d’expériences. »

Au lendemain de l’école d’été, ce que Mme Houzeau en retient, c’est qu’on est très loin de pouvoir se targuer d’être une société inclusive pour tous les groupes en quête d’équité, dont les personnes en situation de handicap. « Il est plus que temps qu’on prenne la question à bras de corps et que, comme société, on travaille sur les systèmes, sur les organisations, pour dépasser la question de l’accommodement et arriver à une vraie inclusion », conclut-elle.

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