Souvenirs et réflexions de trois rédacteurs d’Affaires universitaires

Dans le cadre du 60e anniversaire du magazine, le rédacteur en chef, Léo Charbonneau, s’est récemment entretenu avec ses deux prédécesseurs des enjeux, des événements et des personnalités que le magazine a couverts au fil des ans.

23 septembre 2019

Cet article est un sommaire de l’article « Reflections and recollections from University Affairs editors ».

En 1979, lorsque Christine Tausig Ford a été embauchée comme rédactrice attitrée d’Affaires universitaires en 1979, le magazine célébrait son 20e anniversaire. Elle a quitté le magazine trois ans plus tard, puis est revenue à l’Association des universités et collèges du Canada (désormais Universités Canada, éditeur d’Affaires universitaires) et a été nommée au poste de rédactrice en chef en novembre 1991. Peggy Berkowitz, d’abord recrutée à titre de rédactrice principale en 1994 par Mme Tausig Ford, a été promue au poste de directrice de la rédaction, puis au poste de rédactrice en chef en 2001 (quand Mme Tausig Ford est devenue éditrice), un poste qu’elle a occupé jusqu’à son départ à la retraite à l’automne 2015 et auquel lui a succédé Léo Charbonneau, l’actuel rédacteur en chef du magazine. Dans le cadre du 60e anniversaire du magazine, M. Charbonneau s’est récemment entretenu avec ses deux prédécesseurs des enjeux, des événements et des personnalités dont le magazine a traité au fil des ans.

De gauche à droite : Peggy Berkowitz et Christine Tausig Ford discutent avec Léo Charbonneau au restaurant North and Navy à Ottawa. Photo par Ian Patterson.

À ses débuts en tant que rédactrice en chef, les articles avaient un caractère assez pragmatique, explique Mme Tausig Ford. « Ils portaient souvent sur la façon de diffuser ses travaux de recherche ou de transformer ses cours, par exemple. Nous avions également retenu les services d’un conseiller financier pour les professeurs et traitions du sujet. Nous voulions que les professeurs puissent tirer parti de nos articles au quotidien. »

Les enjeux du secteur de l’enseignement supérieur étaient étonnamment semblables à ceux d’aujourd’hui. Elle se souvient que même à l’époque, la liberté universitaire et la liberté d’expression étaient d’actualité. « J’ai compris que bien souvent, les personnes que vous défendez ne sont pas nécessairement celles dont vous aimeriez prendre le parti, mais celles que vous devez défendre pour soutenir le principe de liberté universitaire. »

Dans le cas de Mme Berkowitz, ce qui faisait couler beaucoup d’encre était plutôt la question des études supérieures. « L’obtention d’un emploi et la structure des programmes de doctorat sont devenues des enjeux de premier plan et le sont toujours restées. »

Selon Mme Berkowitz, le magazine a également commencé à s’intéresser au personnel de l’université – dans les secteurs du counseling, des services aux étudiants ou du marketing, par exemple. Les questions d’agressions sexuelles sur les campus et de la santé mentale des étudiants ont également pris de l’ampleur. D’ailleurs, Mme Tausig Ford n’a pas souvenir que le magazine ait publié quoi que ce soit à ce sujet dans les années 1990.

En ce qui concerne les événements qui ont marqué le milieu de l’enseignement supérieur canadien de l’époque, Mme Tausig Ford se rappelle la tragédie de l’École polytechnique de Montréal où un tireur fou a tué 14 étudiantes en génie en 1989. Elle se souvient aussi d’une étrange anecdote concernant le professeur Valery Fabrikant, qui a abattu quatre de ses collègues de l’Université Concordia en août 1992.

« Quelques semaines avant la tragédie, j’ai reçu une grande enveloppe adressée à la rédactrice en chef d’Affaires universitaires. Elle contenait la longue diatribe d’un professeur. Puis les médias ont parlé de la fusillade et je me suis rendu compte que la lettre qui traînait sur mon bureau provenait de Valery Fabrikant et qu’elle contenait de sérieuses menaces. J’ai appelé le service de police pour leur dire que j’avais reçu cette lettre et que je me culpabilisais de n’avoir rien fait. Les policiers m’ont dit de ne pas m’en faire, que je n’étais pas l’unique destinataire de la lettre, ce qui a légèrement atténué mon sentiment de culpabilité. »

Sur une note plus légère, Mme Berkowitz fait état de l’appréhension qu’a suscitée le bogue de l’an 2000 à l’aube du nouveau millénaire. « Un article en couverture y était consacré. On y parlait des intervenants en technologies de l’information qui ont dû passer la nuit du 31 décembre 1999 à l’université. C’est cocasse quand on y pense, mais à l’époque, ce passage informatique suscitait de vives inquiétudes. »

Au chapitre des personnalités marquantes, Mme Tausig Ford mentionne Rob Prichard, recteur de l’Université de Toronto de 1990 à 2000. « M. Prichard lisait tous les numéros d’Affaires universitaires du début à la fin. Il se faisait un devoir de nous appeler si son université n’y était pas mentionnée – mais de manière très cordiale. »

Pour sa part, Mme Berkowitz souligne qu’alors qu’il était gouverneur général, David Johnston, ancien principal de l’Université McGill et recteur de l’Université de Waterloo, lui a fait grande impression. « Des recteurs l’accompagnaient dans ses voyages à l’étranger. Il croyait fermement en l’enseignement supérieur. »

Comme dernière réflexion, Mme Berkowitz dit avoir aimé couvrir le milieu de l’enseignement supérieur : « Les gens sont très intéressants et sont des experts dans leur domaine. Il leur est souvent plus facile qu’à d’autres d’en parler. Leur univers est toujours fascinant, en perpétuel changement. »

« J’ai adoré ce travail, confirme Mme Tausig Ford. Nos articles portaient sur des sujets captivants. Nous avions souvent l’impression d’avoir une incidence concrète sur le milieu de l’enseignement supérieur, de repérer très tôt les enjeux d’importance, puis de les voir évoluer et prendre de l’ampleur. Il s’agit d’une merveilleuse expérience. »

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