Et si vous faisiez un programme coop au doctorat?
Lorsque le travail à l’extérieur de l’université permet de mieux revenir à celle-ci.
Les universités évoluent, et il est tout naturel que nos compétences en recherche, en rédaction et en accompagnement suivent le pas. Si autrefois il suffisait d’exceller en recherche pour s’accomplir comme universitaire et prendre la route vers la permanence, force est de constater qu’il s’agit d’une époque maintenant révolue. Aujourd’hui, pour se démarquer dans la sphère universitaire, on doit performer dans toutes les facettes de l’emploi. Le programme coop au doctorat est l’une des façons d’y arriver.
On peut concevoir l’expérience coop comme un pont entre le monde universitaire et l’extérieur. La clé, c’est que l’échange peut être bidirectionnel. Pour ma part, le programme coop m’a fait grandir comme universitaire grâce à l’expérience et aux connaissances que j’y ai acquises. En revenant de mon premier stage, je sentais que j’avais de meilleurs outils en recherche, en rédaction et en enseignement. Je sentais que j’avais ma place dans le monde universitaire et que mon expérience m’avait offert des compétences en marketing et en communication qui feraient de mes classes des endroits où il fait bon apprendre.
Il a fallu un certain temps avant de trouver mon premier stage. Je n’avais pas d’ambitions démesurées lors de ma recherche, et j’avais intégré l’attitude sceptique d’une personne qui me conseillait sur la pertinence des stages coop au doctorat (on m’avait demandé : « C’est par besoin financier? »). Supposément, les stages en milieu de travail me détourneraient du vrai travail à accomplir : la recherche et la rédaction. Je me suis dit que je participais pour m’ouvrir plus de portes, mais intérieurement, j’adhérais au même récit auquel plusieurs personnes au doctorat s’accrochent : après avoir terminé mes études, je serais l’exception à la règle et je décrocherais un poste de recherche menant à la permanence.
Vous avez peut-être de la difficulté à comprendre mon attachement à cette vision. Après tout, je n’ai pas le profil parfait : mère monoparentale, je suis dyslexique et fais un doctorat en littérature anglaise; je ne suis plus jeune, et je suis la première personne de ma famille à aller à l’université. En m’inscrivant au programme coop de l’Université de la Colombie-Britannique, je prévoyais mettre à profit la formation offerte pour appliquer mes connaissances universitaires dans le vrai monde. Au cas où.
Après avoir rencontré la personne responsable de coordonner les stages et avoir discuté de mes objectifs, j’ai rapidement obtenu une entrevue avec le Festival international du film de Vancouver. Le Festival avait auparavant collaboré avec des personnes au baccalauréat, mais le festival se déroulant au milieu de la session d’automne, la gestion des horaires n’était pas simple. Choisir une personne au doctorat venait régler ce problème. J’ai obtenu un poste à temps plein pour une durée de quatre mois.
Sans tarder, j’ai compris toutes les similitudes entre ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur des murs de l’université, en arts et en culture. Les compétences acquises dans mes études alors que j’enseignais ou apportais mon assistance pour des cours, tout comme mes compétences en recherche et rédaction se sont avérées bien précieuses hors de ma bulle universitaire et disciplinaire. Ce stage coop m’a permis d’acquérir des compétences que je peux appliquer dans mes salles de classe : gestion de foule, marketing, animation… Comme il s’agissait d’un poste en télétravail, j’ai aussi grandement appris sur la gestion de forums en ligne. Les deux derniers mois du stage, j’enseignais aussi deux cours sur le Web. Grâce à mon expérience de travail, j’ai appris l’importance non seulement d’avoir des notes et des diapositives bien montées, mais aussi d’avoir sous la main des scénarios d’interaction avec les participants, ce qui fait une grande différence dans ce contexte : des invitations à applaudir, par exemple, des questions pour inspirer une discussion, ou encore un rappel de l’horaire. C’était aussi fascinant de découvrir la fonctionnalité de clavardage, qui en rendant les échanges accessibles et informels, permet aux étudiants de lancer questions et réponses.
Au Festival, j’ai appris sur les films à gros budget, la gestion des publics et le marketing stratégique, toujours en cohérence avec la complexité des besoins des parties prenantes – toutes des notions qui peuvent s’appliquer dans mes études et mon enseignement. Plus qu’un simple pont, les expériences de travail intégrées à la formation universitaire comme les stages coop permettent aux personnes au doctorat de devenir de meilleurs mentors et de meilleurs chercheurs. Ces expériences établissent un lien : c’est un « pont » qui va de l’intérieur vers l’extérieur, mais aussi de l’extérieur vers l’intérieur. Les stagiaires peuvent obtenir des compétences que plusieurs départements en arts et en sciences humaines n’ont pas la capacité ou l’envie de transmettre.
Même si je sais ne pas avoir le profil parfait; du moins pas encore, la flamme pour ma carrière universitaire ne s’est que renouvelée à la suite de mon premier stage. Mais, alors qu’on se spécialise toujours et encore plus, il faut que les professeurs, les conseillers, le soutien administratif et les doyens insistent sur l’importance de vivre des expériences d’apprentissage diversifiées aux cycles supérieurs : c’est ce qui nous donnera les meilleurs outils pour constituer la prochaine génération de professeurs.
Sharon Engbrecht fait son doctorat au Département de langue et littérature anglaise de l’Université de la Colombie-Britannique. Ses recherches s’axent sur les récits d’auteures qui remettent en question les conceptions traditionnelles de l’amour.
Postes vedettes
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
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