Les voyages forment la jeunesse… et les universitaires
Deux étudiantes brésiliennes racontent leur expérience en recherche au Département de philosophie et des arts de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Le 30 avril 2019, le site de nouvelles G1 annonçait que le budget de toutes les universités fédérales brésiliennes, dépendantes du financement public, serait réduit de 30 pourcent. Cette annonce est survenue quelques jours après que la revue en ligne EXAME ait annoncé que les investissements dans les cours de sociologie et philosophie devraient être réduits au profit des disciplines générant des retombées immédiates pour la population (notamment : science vétérinaire, génie et médecine), suivant la volonté du président Jair Bolsonaro. Ce genre de nouvelles ne pouvait être accueilli favorablement par la population étudiante brésilienne. C’est pourquoi, nous, deux étudiantes brésiliennes en langue et littérature, avons décidé d’acquérir de l’expérience à l’étranger pour élargir nos perspectives professionnelles.
Nous avons toutes deux été sélectionnées pour participer à un stage de recherche financé par le programme Globalink de Mitacs (un organisme à but non lucratif dédié à la mise en relation du monde académique, industriel et culturel), sous la supervision de la professeure Mélissa Thériault du Département de philosophie et des arts de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Pendant l’été 2019, à titre de stagiaires, nous avons eu l’occasion de développer nos connaissances en philosophie et en littérature par la recherche sur l’œuvre d’intellectuelles telles que Simone de Beauvoir, Germaine de Staël ou Marie de l’Incarnation, en vue de la production d’un livre sur l’apport des femmes en philosophie, de même que sur les questions décoloniales. Nous avons eu l’occasion d’en apprendre davantage sur les étapes requises dans l’édition de textes académiques et didactiques, et même d’établir un premier contact avec des éditeurs du Québec.
Nous avons d’emblée constaté que notre participation aux projets de recherche de la professeure Thériault a constitué une riche opportunité d’apprentissage qui n’aurait pu que difficilement être réalisée dans le contexte actuel du Brésil. Au Canada, nous avons trouvé des possibilités d’approfondissement de nos connaissances sur les théories féministes ainsi que sur l’œuvre d’auteures souvent marginalisées par les voix masculines de la philosophie. Par ailleurs, nous avons également trouvé un accueil favorable à notre contribution.
Nous avons réalisé qu’au Canada, le sérieux de notre travail est reconnu, de même que notre pertinence pour la société. Dans notre pays, il existe encore beaucoup de préjugés et de résistances face aux débats sur les questions féministes.
Nous avons observé qu’une expérience d’échange universitaire exige de devenir en quelque sorte étranger.e.s à soi-même. Au début du séjour, nous observions le nouvel environnement avec des yeux d’enfants. Dans un premier temps, nous étions à nouveau des petits êtres naïfs, apparemment vides d’expériences, qui observions les caractéristiques de l’espace physique et social avec curiosité et enchantement. Cependant, la découverte de ce nouveau lieu de travail exigeait en même temps que nous agissions comme des professionnelles en développement. Nous étions constamment amenées à réfléchir sur nos pratiques d’étude et notre fonctionnement au sein d’une équipe interculturelle.
L’expérience était également nouvelle pour notre superviseure, qui se sentait « à la fois chanceuse et honorée » que ses projets aient suscité l’intérêt de stagiaires douées et dynamiques, tout en s’inquiétant de la possibilité de difficultés sur le plan de la communication. « En fait, tout s’est très bien passé. Nous avons travaillé dur, avons beaucoup appris toutes les trois et ces semaines ont passé à la vitesse de l’éclair », explique la professeure Thériault, qui souhaite renouveler l’expérience l’an prochain.
Selon nous, vivre temporairement dans un autre pays exige de remettre en question son propre comportement et le mode de vie en société, de même que celui du pays d’accueil. Nous avons pris le temps de réfléchir à nos valeurs personnelles, familiales et professionnelles. Il est donc nécessaire d’être ouvert à de nouvelles expériences, qu’elles soient positives ou négatives, car elles sont cruciales pour notre apprentissage. Ainsi, nous nous accordons sur la pertinence du programme de Mitacs pour le développement professionnel et personnel.
Toutes deux, nous reconnaissons qu’une fois de retour au Brésil, nous ne serons plus les mêmes qu’à notre arrivée au Canada en juin 2019. Parmi les enseignements tirés, nous avons noté l’accueil qui est fait à ceux et celles qui souhaitent se consacrer à l’étude des sciences humaines. Nous espérons par ailleurs que les obstacles que doivent affronter les femmes pour faire leur place dans le monde académique n’iront qu’en s’amenuisant et que le futur sera sous le sceau de la démocratisation des connaissances.
Andreza Ferreira est étudiante au programme de baccalauréat en langue et littérature anglaises de l’Universidade Federal do Rio de Janeiro (UFRJ). Cristiane Nascimento est étudiante au programme de professorat en langue et littérature françaises de l’Universidade Estadual Paulista (UNESP).
Postes vedettes
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.