Trousse de survie numérique pour mettre sur pied des cours en ligne
Ressources et outils pratiques pour les professeurs qui doivent réagir rapidement à la pandémie de COVID-19 et donner leurs cours en ligne.
Nous atteignons un point décisif de l’histoire. En effet, la pandémie de COVID-19 provoque la plus vaste campagne mondiale d’intervention d’urgence depuis de nombreuses décennies et nous oblige à réorganiser notre quotidien. Pour aplanir la courbe, les gouvernements pressent leur population d’appliquer les principes d’éloignement social. De nombreux organismes à l’échelle mondiale adoptent rapidement des politiques de collaboration virtuelle et de télétravail. De même, les écoles et les universités prennent des mesures pour que les cours soient offerts en ligne.
Le présent article s’adresse aux professeurs qui cherchent des moyens de composer avec cette situation stressante. La trousse de survie que je vous propose aborde les besoins psychologiques, organisationnels et technologiques. Je me concentrerai sur le dernier élément (les outils numériques), mais j’aimerais d’abord vous glisser un mot sur les deux premiers. Veuillez noter que votre établissement est probablement déjà abonné à certains outils non mentionnés ici ou offre un accès à des outils de qualité supérieure qui vous faciliteront la vie. Aussi, les systèmes de gestion de l’apprentissage (SGA), qu’il s’agisse de Desire2Learn, de Canvas, de Moodle, de Blackboard ou de toute autre plateforme, vous seront d’une grande utilité. Explorez-les et découvrez toutes les fonctions qu’ils offrent.
Psychologie et organisation
Si vous devez donner un cours de toute urgence sans avoir le temps d’en enregistrer d’abord le contenu, vous pouvez utiliser le service Zoom ou la plateforme Microsoft Teams (si vous n’avez pas la version Pro de Zoom, limitez le cours à moins de 40 minutes) et envoyez le lien par courriel à vos étudiants. Pour les petites classes (moins de dix personnes), les options sont nombreuses, telles que Skype et Google Hangouts. Tous ces outils permettent le partage d’écran; vos étudiants pourront donc voir vos diapositives.
Une part de la détresse psychologique que nombre de professeurs peuvent ressentir à l’idée de présenter leurs cours en ligne est attribuable au sentiment de ne pas maîtriser la situation. Si aucun étudiant n’est assis devant vous, vous avez l’impression de ne rien maîtriser, et certains peuvent en éprouver du désarroi. Ne vous inquiétez pas. Assurez-vous simplement de laisser les bonnes voies de communication ouvertes, d’organiser votre travail de manière efficace et d’employer des mesures incitatives logiques pour motiver vos étudiants. Voici quelques suggestions :
Voies de communication
- Ayez une liste à jour des adresses courriel de vos étudiants. Avisez tout le monde que les cours auront lieu en ligne de la manière la plus souple possible pour tenir compte de la nouvelle réalité, et que vous annoncerez tous les changements sous peu.
- Assurez-vous que les étudiants aient accès au contenu du cours (diapositives de vos présentations, lectures, etc.) et à un endroit où téléverser leurs travaux afin que vous puissiez les corriger. Le système de gestion de l’apprentissage de votre établissement offre probablement ces capacités, mais Google Drive est une excellente solution de rechange.
- Dans certains cours, il serait utile de donner aux étudiants un moyen de communiquer entre eux: un forum de discussion ou un babillard créé à même le SGA de votre établissement, ou une discussion dans Google Groups. Vous pouvez aussi créer un groupe Facebook ou lancer une séance de clavardage dans WhatsApp. Les babillards peuvent également se révéler très utiles pour les travaux écrits et les activités de réflexion.
- Évitez toutefois de créer des voies de communication que vous oublierez de consulter ou dont les étudiants n’ont pas vraiment besoin.
Structure organisationnelle
- Nommez un aide de cours. Si vous avez besoin d’assistance pour l’administration et l’organisation du cours, demandez par courriel à vos étudiants si l’un d’entre eux accepterait de vous seconder. Vous pouvez (et devriez) offrir d’accorder au volontaire des points de participation supplémentaires. Il serait également bon d’échanger vos numéros de téléphone. Je tiens toutefois à préciser que l’aide de cours ne joue pas le même rôle qu’un assistant à l’enseignement rémunéré. Par exemple, il ne peut pas aider à noter les travaux parce qu’il suit le cours. Toutefois, étant donné qu’il vit la même expérience que les autres étudiants, il peut vous faire des commentaires sur la façon dont les choses se déroulent.
- Si vous ne l’avez pas déjà fait, établissez une structure de groupe avec des chefs d’équipe ou des représentants qui seront nommés ou élus. Vous pouvez utiliser Google Sheets pour attribuer les travaux à des groupes aléatoires (consultez la section Outils Google à ce sujet). Les chefs d’équipe représenteront leurs équipes respectives et idéalement, vous fourniront leur numéro de téléphone au cas où une coordination supplémentaire serait nécessaire.
Mesures incitatives
- En ces temps de confusion, je vous recommande de revoir les rubriques d’évaluation et les mesures incitatives de votre cours afin d’en éliminer les éléments de nature temporelle. Par exemple, si vous attribuez des points pour la présence en classe, envisagez de remplacer ce critère par un autre plus souple (comme la publication de textes de réflexion sur un exposé enregistré ou une lecture dans le forum de votre classe). Les étudiants vous remercieront d’éliminer ainsi les contraintes de temps!
- Si vous voulez que les étudiants participent aux forums de discussion et aux babillards, n’oubliez pas de les associer directement à un élément d’évaluation. La participation présente des avantages du point de vue de la notation, car elle est facile à mesurer.
Technologie : tous les outils sont là
Honnêtement, je crois qu’avec un bon outil de vidéoconférence, comme Zoom, et les outils de la suite Google (Google Sheets, Forms, Docs, Drive, Slides, Groups, Hangouts, etc.), vous pouvez très bien vous en sortir. Mais d’autres outils existent. Examinons plus en détail certaines catégories d’outils pouvant vous intéresser. Pour choisir les outils à vous recommander, j’ai présumé que nos critères premiers à tous étaient la convivialité, la fiabilité et la gratuité (de préférence).
Vidéocapture d’écran
Idéalement, vous devez préenregistrer le plus de contenu possible. Les cours en direct doivent aussi être enregistrés, et les étudiants doivent pouvoir réécouter les enregistrements. À cette fin, les outils avec fonction d’enregistrement local (comme Zoom) sont particulièrement utiles : ils évitent le recours à un service payant de stockage infonuagique et vous permettent d’enregistrer le cours sur votre ordinateur pour ensuite le téléverser sur des sites gratuits comme YouTube.
Remarque sur la protection des renseignements personnels : Si vous enregistrez des séances auxquelles plusieurs personnes participent, évitez de publier les vidéos en ligne. Si vous décidez néanmoins de le faire, assurez-vous d’avoir le consentement de tous les participants à l’enregistrement (et, par souci de responsabilité professionnelle, assurez-vous que ce consentement n’a pas été obtenu sous pression).
Si votre outil de vidéoconférence en ligne n’est pas doté d’une fonction d’enregistrement local, ou si cette fonction a une capacité limitée (p. ex. limite de stockage), utilisez un logiciel de vidéocapture d’écran (outil qui permet de diffuser le contenu de votre écran). Je vous recommande le logiciel ouvert et gratuit OBS studio, mais faites-en d’abord l’essai et prenez le temps de configurer vos appareils audio et vidéo correctement. Aussi, faites l’essai des différents formats de fichiers (MP4, AVI, etc.) pour trouver un bon équilibre entre la taille du fichier et la qualité vidéo. Assurez-vous que le site Web où vous téléverserez les vidéos peut prendre en charge le format choisi.
L’outil Screencast-o-matic, l’une des suggestions du guide Stanford, vaut aussi la peine d’être essayé. En général, les logiciels de vidéocapture d’écran peuvent servir aux présentations des professeurs et des étudiants. Dans cette catégorie, d’autres outils sont aussi recommandables. L’une des solutions simples consiste à utiliser la fonction d’enregistrement de Microsoft PowerPoint pour accompagner vos diapositives de commentaires audio. Ensuite, vous n’avez qu’à téléverser votre présentation dans le répertoire ou sur le site Web de la classe. Prenez garde toutefois à la taille des fichiers.
Vous trouverez ici d’autres recommandations d’outils vidéo.
Outils Google
Tous les outils de la suite Google (Google Sheets, Forms, Docs, Drive, Slides, Groups, Hangouts, etc.) sont fiables, conviviaux et gratuits. Puisqu’ils sont tous des services nuagiques, ils conviennent parfaitement au partage et à la collaboration virtuelle. Ils permettent de créer des documents ouverts que plusieurs personnes peuvent modifier et commenter en même temps. Voici quelques façons d’utiliser les outils Google pour faciliter vos tâches d’enseignement :
- Utilisez la fonction Plage aléatoire de Google Sheets pour créer des paires aléatoires d’étudiants. Vous n’avez qu’à copier la liste d’étudiants dans deux colonnes, à sélectionner les noms d’une colonne, à faire un clic droit sur la colonne sélectionnée, puis à cliquer sur Plage aléatoire dans le menu déroulant. Chaque étudiant de la première colonne est alors jumelé au hasard avec un étudiant de la seconde colonne. Vérifiez bien qu’aucun étudiant n’a accidentellement été jumelé à lui-même. Cette fonction peut aussi servir pendant les périodes d’échange, lorsque vous voulez que les étudiants discutent d’un sujet deux par deux. Vous n’avez qu’à créer une troisième colonne pour les identifiants, puis à demander aux étudiants de discuter pendant dix minutes par Skype avec la personne dont le nom figure à côté du leur.
- Vous pouvez utiliser la fonction de génération de nombre au hasard dans Google Sheets pour répartir les étudiants en groupes. Choisissez le nombre de groupes que vous voulez créer (nombre que nous appellerons N), collez la liste de noms d’étudiants dans une colonne, puis dans la colonne suivante, écrivez « =RANDBETWEEN(1,N) ». Ensuite, faites glisser la cellule du résultat jusqu’en bas de la colonne. N’oubliez pas de remplacer la valeur N par le nombre de groupes souhaités. Des modèles et des outils permettant de générer des groupes dans Google Sheets ont été créés.
- Utilisez la prise de notes collaborative comme outil d’apprentissage. Créez une feuille de calcul Google Sheets qui comprend tous les sujets de collaboration, chacun assorti d’un hyperlien menant à un document Google Docs en direct que les étudiants peuvent modifier en collaboration. Vous trouverez ici un exemple d’utilisation de cette fonction aux fins d’une conférence.
- Pour recueillir les adresses courriel, identifiants Skype ou autres coordonnées de vos étudiants, vous pouvez utiliser Google Forms.
- Utilisez la prise de notes collaborative comme outil d’apprentissage. Créez une feuille de calcul Google Sheets qui comprend tous les sujets de collaboration, chacun assorti d’un hyperlien menant à un document Google Docs en direct que les étudiants peuvent modifier en collaboration. Créez, distribuez et notez des questionnaires avec Google Forms.
- Utilisez Google Sheets pour faire le suivi de la participation des étudiants, des travaux et des évaluations.
- Utilisez Google Slides pour téléverser vos présentations dans le nuage.
- Pour intégrer une visite de divers lieux géographiques à vos leçons, utilisez l’outil Tour Builder qui fonctionne avec Google Maps.
Occasion de perfectionner de ses compétences en technologies numériques
Cette période de travail à la maison peut être l’occasion de faire l’essai de nouveaux outils numériques susceptibles d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Je vous présente donc quelques petits bijoux de technologie peu connus avec lesquels vous pouvez vous amuser ou expérimenter. Je les ai répartis en deux catégories : les outils ciblés aux fonctions relativement limitées, mais utiles, et les technologies génératives, c’est-à-dire des plateformes générales aux possibilités infinies qui n’ont pour limites que votre imagination.
Outils intéressants
- Kahoot: Un bon outil pour créer des jeux en ligne et des questionnaires amusants pour vos étudiants.
- Perusall: Cet outil est parfait si votre cours comprend un volet lecture attentive et explication de texte. Téléchargez votre texte, puis commentez-le et annotez-le avec vos étudiants.
- VoiceThread: Ajoutez des commentaires audio et vidéo à des enregistrements existants. Il s’agit d’une excellente façon de discuter collectivement d’une présentation ou d’un autre type de document. Malheureusement, il n’existe aucune version gratuite, mais les tarifs sont raisonnables.
- ai: Probablement le logiciel de transcription automatique (conversion voix-texte) le plus évolué sur le marché et le plus généreux sur le plan des options gratuites. Vous pouvez l’utiliser pour transcrire le texte de vos cours enregistrés. (En anglais seulement)
Microsoft Immersive Reader : Un excellent outil de conversion texte-voix qui transforme votre ordinateur en lecteur. Il est très pratique pour étudier ou lire un texte pendant que vous faites des tâches ménagères!
Technologies génératives
Zapier : Cet outil et son fabricant figurent parmi mes chouchous en ce moment. Zapier est un véritable réseau de raccordement d’Internet. Il relie tous les logiciels, applications ou sites Web munis d’une interface de programmation d’applications (API) avec tout autre système muni d’une API. Vous pouvez l’utiliser pour automatiser de nombreuses tâches grâce à des fonctions d’inclusion assemblées à l’aide de menus, sans avoir de connaissances particulières en codification. Vous pouvez par exemple :
- envoyer automatiquement un courriel à une personne ayant rempli un formulaire dans Google Forms;
- ajouter automatiquement une ligne dans une feuille de calcul lorsque quelqu’un envoie un courriel à une adresse précise;
- transférer automatiquement dans votre Dropbox un document qui a été ajouté à votre compte Google Drive.
Zapier offre une multitude d’autres possibilités et comprend une gigantesque base de connaissances avec de précieuses ressources d’apprentissage.
Airtable : Cet outil fonctionne comme une feuille de calcul infonuagique (p. ex. Google Sheets) avec la puissance d’une base de données relationnelle. Avec Airtable et Zapier, j’ai déjà créé un système complet d’évaluation par les pairs où les étudiants recevaient automatiquement par courriel leurs travaux d’évaluation à faire et, une fois leur évaluation terminée, pouvaient la soumettre au moyen d’un formulaire Airtable. De plus, chaque étudiant était automatiquement informé lorsqu’un de ses pairs avait évalué son travail. Vous pouvez consulter d’autres exemples des applications d’Airtable en enseignement ici.
Coda.io : Ce programme est un outil efficace pour gérer et coordonner une équipe ou un projet. Vous pouvez l’utiliser pour faire voter vos étudiants, organiser vos plans de cours et listes de tâches, permettre aux étudiants de travailler sur des documents partagés ou de soumettre leurs travaux, ou pour créer vos exposés. Voici des exemples d’applications de Coda en enseignement. Les possibilités sont infinies!
Autres ressources
- Un guide complet créé par les spécialistes en technologies de l’enseignement de l’Université Stanford.
- Un guide pratique pour travailler à la maison avec les enfants pendant la pandémie de coronavirus.
- Une longue liste d’outils numériques pour les chercheurs.
- Une liste de cours universitaires que vous pouvez suivre en ligne gratuitement pendant vos temps libres.
- L’outil de suivi des données mondiales sur le coronavirus.
Mohammad Keyhani est professeur agregé a l’Université de Calgary.
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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