Campements à l’Université d’Ottawa : le corps professoral solidaire
Une lettre de solidarité a été signée par plus de 200 professeures et professeurs, bibliothécaires et membres du personnel.
Le campement propalestinien sur la pelouse du pavillon Tabaret de l’Université d’Ottawa a eu droit, entre ses dizaines de tentes et ses pancartes, à un nouvel ajout : une deuxième toilette chimique. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas les protestataires qui l’ont payée.
« Lorsque [le personnel de l’Université] a découvert qu’on payait les toilettes chimiques de notre poche, il nous a fourni des fonds à cet effet, raconte Tom Deadman, étudiant à l’Université d’Ottawa et organisateur du campement pro-Palestine. Chaque jour ou presque, des profs qui m’ont enseigné nous apportent de la nourriture. »
Le groupe Faculty 4 Palestine Ottawa a récemment publié une déclaration en soutien au campement signée par plus de 200 professeures et professeurs, bibliothécaires et membres du personnel de l’Université d’Ottawa, de l’Université Carleton et de l’Université Saint-Paul.
La lettre reprend les demandes des protestataires « de divulguer et de désinvestir les fonds de l’Université de l’industrie d’armement et autres compagnies impliquées dans l’occupation de la Palestine et le génocide des Palestiniennes et Palestiniens ».
Le campement, qui compterait plus de 70 tentes et jusqu’à 130 personnes, est installé depuis plus de douze jours devant le pavillon Tabaret.
Des campements similaires ont fait leur apparition sur les campus du pays, dans la foulée du mouvement états-unien de protestation contre la réponse d’Israël à l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier – dont le bilan s’élève à 1 200 morts et 250 otages. L’opération militaire d’Israël à Gaza a tué plus de 35 000 Palestiniennes et Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Craintes d’antisémitisme sur les campus
Parallèlement, on craint de plus en plus une montée de l’antisémitisme sur les campus des universités canadiennes.
« En ce moment, la communauté juive exprime son mécontentement et affirme qu’on cible ses établissements », explique Lindsay Cogan, ancienne présidente de Hillel Ottawa, un centre étudiant pour la communauté juive de l’Université d’Ottawa, de l’Université Carleton et du Collège Algonquin. « Mais personne ne prend ces menaces au sérieux », s’inquiète-t-elle.
Elle a aussi exprimé son malaise avec le campement à l’Université d’Ottawa.
« On peut encore traverser le terrain du pavillon Tabaret, mais il y règne une atmosphère plutôt intimidante, déplore-t-elle. Tout le monde a le visage couvert, soit avec un masque ou avec un keffieh et des lunettes de soleil… On ne sait pas à qui on a affaire, et c’est voulu. »
L’organisation du campement affirme qu’aucune forme de discrimination ni de harcèlement, y compris les actes antisémites, n’est tolérée.
« Plusieurs membres de la communauté étudiante juive participent à la manifestation », souligne M. Deadman, qui ajoute que le campement est aussi soutenu par Voix juives indépendantes Canada. « Personnellement, je n’ai pas été témoin d’actes antisémites… La haine n’a rien à faire ici. »
Des universitaires d’Ottawa en soutien au campement
La professeure à l’Université d’Ottawa Nadia Abu-Zahra fait partie de ces universitaires de la capitale nationale qui expriment leur appui à la manifestation propalestinienne.
Elle explique avoir signé la lettre de soutien parce qu’elle croit que les établissements doivent être tenus responsables devant la loi et qu’ils ont des comptes à rendre à leur communauté.
« En ne protestant pas contre ces actes, nous devenons complices, surtout si notre établissement investit dans des entités et des sociétés elles-mêmes complices des pires crimes », soutient Mme Abu-Zahra, qui enseigne le développement international et la mondialisation.
Nour El Kadri, professeur d’éthique de l’intelligence artificielle, raconte avoir signé la lettre après avoir visité le campement et échangé avec des collègues.
« Les droits de la personne, ce n’est pas un buffet où on ne choisit que les meilleurs morceaux. Nous devons être fermes et réclamer avec force le désinvestissement », croit-il.
M. El Kadri fait également remarquer que des établissements postsecondaires de Gaza ont été complètement détruits. « Nous assistons à l’émergence du terme “scolasticide” », ajoute M. Deadman.
Ce nouveau terme est défini par les Nations Unies comme « l’anéantissement systémique de l’éducation par l’arrestation, la détention ou l’assassinat d’enseignants, d’étudiants et de membres du personnel éducatif, ainsi que par la destruction des infrastructures éducatives ».
La réponse de l’Université aux demandes des protestataires
Le 28 avril, le vice-recteur associé de l’Université d’Ottawa Éric Bercier a diffusé un communiqué : « Bien que les manifestations pacifiques sont autorisées dans certains espaces publics du campus, conformément à nos politiques et règlements, les campements et les occupations ne sont pas tolérés. »
Le 7 mai, M. Bercier et le vice-provost Awad Ibrahim ont rencontré les protestataires pour présenter leurs demandes, mais les négociations ont échoué, rapporte le journal étudiant de l’Université d’Ottawa The Fulcrum.
Le groupe Faculty 4 Palestine Ottawa et les signataires de la lettre font désormais partie du mouvement déjà enclenché dans plusieurs autres universités, notamment l’Université de Toronto, l’Université McGill et l’Université de Victoria, où le personnel enseignant exhorte son établissement à divulguer et à désinvestir les fonds octroyés à des entreprises ayant des liens avec Israël.
Mme Abu-Zahra estime que tout le monde, et pas seulement les protestataires, devrait se soucier de la façon dont l’administration de l’Université perçoit sa communauté.
M. El Kadri abonde dans le même sens : « Comme nous sommes membres de l’université […], on nous associe à elle. Sa réputation et ses actions nous concernent. »
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
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