Des campus montréalais sous tension lors de manifestations pro-palestiniennes

Des étudiantes et étudiants de plusieurs universités et cégeps ont manifesté au centre-ville de Montréal, deux ans après l’attaque du Hamas contre Israël.

08 octobre 2025
Des manifestantes et manifestants pro-palestiniens dans les rues de Montréal le 7 octobre 2025. Crédit photo: Hannah Liddle

Les campus du centre-ville de Montréal ont été le théâtre de fortes tensions, lundi 7 octobre, alors que des groupes étudiants pro-palestiniens ont organisé une grande manifestation en solidarité avec Gaza. Environ 500 personnes ont pris part à la marche reliant l’Université Concordia et l’Université McGill, dans un contexte sécuritaire exceptionnel.

Le cortège, parti du pavillon Hall de Concordia, a emprunté les rues du centre-ville avant d’arriver à McGill, où la présence policière était importante. Des agents antiémeute et des policiers à cheval avaient été déployés pour encadrer la manifestation et bloquer certains accès au campus. Au cœur du quadrilatère universitaire, des étudiantes et étudiants ont scandé des slogans, brandi des pancartes et brûlé un drapeau bleu et blanc marqué de traces de mains rouges. Le groupe s’est ensuite dispersé dans les rues avoisinantes.

Selon le Montreal Gazette, une vitre de la bibliothèque Redpath aurait été brisée peu avant 15 h.

Fermeture exceptionnelle à Concordia

L’Université Concordia avait pris les devants en annulant ses cours pour la journée du 7 octobre. Dans une lettre ouverte, le recteur et vice-chancelier Graham Carr expliquait que la présence anticipée de manifestantes et manifestants provenant d’autres établissements, ainsi que de contre-manifestants, faisait planer « un risque de perturbation trop élevé ».

« Cette décision a été prise avec une profonde tristesse », écrivait-il, rappelant qu’un manifestant arrêté la veille avait été trouvé en possession d’« une barre de métal et de dispositifs incendiaires ».

À McGill, les cours se sont néanmoins poursuivis normalement.

La mobilisation avait été initiée par plusieurs associations : Students for Palestine’s Honour and Resistance des campus de Concordia, McGill et Dawson, Cégep4Palestine, ainsi que le Groupe de solidarité pour les droits et l’honneur des Palestinien·nes de l’UdeM. Plus de 60 établissements postsecondaires – universités et cégeps confondus – avaient voté des mandats de grève pour les 6 et 7 octobre, autour d’une revendication commune : le désinvestissement des universités dans les entreprises liées à l’industrie de l’armement ou au financement d’activités militaires en Israël.

Des manifestants et manifestantes traversent le campus de McGill, le 7 octobre.

Des actions de perturbation à Concordia

La veille de la manifestation, le 6 octobre, des groupes étudiants avaient déjà amorcé la grève à Concordia. Réunis au café autogéré Frigo Vert, une vingtaine d’entre eux préparaient les actions à venir : fabrication de pancartes, rédaction de tracts et planification des interventions sur le campus.

Certains étudiants ont ensuite perturbé des cours, notamment en ligne, pour inviter leurs collègues à se joindre au mouvement. D’autres sont entrés dans une classe d’anthropologie dirigée par la professeure Salinda Hess, croyant qu’un examen de trois heures s’y tenait. L’un des militants a pris la parole pour encourager les étudiantes et étudiants présents à rejoindre la grève « en soutien aux personnes qui ne peuvent plus aller à l’école en Palestine ».

Un échange animé s’en est suivi, certains étudiants contestant l’efficacité des grèves étudiantes. Une étudiante ukrainienne a répliqué qu’à ses yeux, la meilleure façon de contribuer à la paix était de poursuivre son éducation. D’autres ont quitté la salle, rendant leur copie au passage.

Mme Hess a fini par intervenir. Personne, a-t-elle observé, ne semble avoir le pouvoir de faire quoi que ce soit à Donald Trump ou à Benjamin Netanyahu. En tant qu’enseignante, elle dit comprendre l’importance de discuter de ces sujets, mais se dit en désaccord avec l’idée d’interrompre l’éducation des étudiantes et étudiants. « Je suis contente que vous soyez ici, a-t-elle ajouté, mais je ne suis pas heureuse de ne pas pouvoir donner mon cours. » Elle a rappelé que le gouvernement « coupe déjà les universités à la racine » et affirmé croire en la force du mouvement étudiant, tout en lançant un appel : « Soyons dans la rue, pas dans les salles de classe. »

Des policiers sont déployés devant le bâtiment administratif James, à l’Université McGill.

Un anniversaire lourd de symboles

La date du 7 octobre marquait le deuxième anniversaire de l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël, qui avait fait environ 1 200 morts et 250 otages. En représailles, la guerre déclenchée par Israël à Gaza aurait causé plus de 67 000 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza.

Des négociations sont en cours entre Israël et le Hamas, après la présentation récente d’un plan de paix par le président américain Donald Trump. Aucun cessez-le-feu n’a toutefois été conclu à ce jour.

Des étudiantes et étudiants brandissent une pancarte en soutien à la Palestine.

Les photos et vidéos ont été prises par Hannah Liddle.

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