Discours du Trône : le gouvernement Carney confirme le plafonnement des permis d’études internationaux

Le gouvernement Carney veut recentrer l’immigration sur les besoins économiques, relancer l’innovation et renforcer l’identité culturelle canadienne, dans un contexte mondial de plus en plus instable.

27 mai 2025
Le Roi Charles III prononcçant le discours devant le Parlement.
Photo par : La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Le 27 mai, le roi Charles III a prononcé, au nom du gouvernement, un discours du Trône résolument axé sur la souveraineté économique, l’innovation et la cohésion nationale. C’est devant les deux Chambres réunies qu’il a dévoilé les grandes priorités de la nouvelle législature, dans un moment qualifié de « renouveau » pour le Canada.

Le Roi a ainsi confirmé la stratégie libérale en matière d’immigration amorcée par l’ancien gouvernement de Justin Trudeau. Présenté comme une « source de fierté » pour la population canadienne, le système d’immigration fera désormais l’objet d’un encadrement plus strict. Le gouvernement Carney instaurera la limite au nombre de travailleuses et travailleurs temporaires et de personnes étudiantes internationales, avec un plafond fixé dès 2027 à un maximum de 5 % de la population canadienne. L’objectif affiché est de « rétablir l’équilibre » tout en continuant d’attirer les meilleurs talents pour stimuler l’économie.

Selon Statistique Canada, on compte actuellement environ 1,5 million de travailleurs étrangers temporaires et 944 000 étudiants internationaux (dont certains détiennent également des permis de travail) au Canada. En incluant les membres de leur famille, le nombre total de personnes résidant au pays avec des permis de travail ou d’études s’élève à un peu plus de 2,5 millions, soit environ 6,2 % de la population totale.

Lors de la campagne électorale, Carney a déclaré que les plafonds sur les permis d’études internationaux imposés par le précédent gouvernement libéral demeureraient inchangés. Le gouvernement Carney prévoit délivrer 437 000 nouveaux permis d’études et prolongations en 2025, comparativement à 485 000 en 2024.

Sur le plan économique, le gouvernement propose une stratégie industrielle visant à renforcer la compétitivité du pays. Il entend faire du Canada une plaque tournante de la science et de l’innovation, en créant des centaines de milliers de carrières dans les métiers spécialisés. L’objectif à long terme : bâtir l’économie « la plus forte du G7 ».

Le discours a également mis l’accent sur la crise du logement, avec une promesse de doubler le rythme de construction. En matière culturelle, le gouvernement a réitéré son engagement envers la protection du français et des langues autochtones, qualifiant la langue française et la culture québécoise de « cœur de l’identité canadienne ».

Pour la première fois depuis 1977, un souverain britannique a prononcé en personne le discours du Trône au Parlement canadien. Ce geste hautement symbolique survient dans un contexte géopolitique tendu, alors que le nouveau gouvernement dirigé par Mark Carney cherche à affirmer la souveraineté canadienne sur la scène internationale, notamment face aux récentes déclarations controversées du président américain Donald Trump concernant une possible annexion.


L’ouverture de cette session parlementaire survient moins d’un mois après l’élection du Parti libéral rénové de Carney, qui a promis un retour à une gouvernance centrée sur la rigueur économique, l’innovation et la réconciliation. Dans sa lettre de mandat transmise aux ministres, le premier ministre a insisté sur l’importance d’une croissance durable, du maintien de l’ordre budgétaire, du renforcement du système d’immigration, ainsi que de l’investissement dans la science et la recherche comme leviers d’indépendance stratégique.