Enseignement universitaire à distance : défis et champ des possibles pour le Québec
Maintenant que l’infrastructure technologique est en place, les universités québécoises devraient-elles élargir le spectre de leur clientèle, notamment à l’international?
Les universités québécoises peuvent se positionner en tant que chefs de file de l’enseignement à distance, mais sous certaines conditions, avance l’Institut économique de Montréal (IEDM) dans une étude publiée à la fin septembre. « Le Québec a une occasion à saisir. Non pas parce que ses institutions d’enseignement supérieur sont mieux placées, mais bien parce que c’est dans son intérêt », nuance Miguel Ouellette, directeur des opérations à l’IEDM et coauteur de la publication.
Le groupe de réflexion aux positions néolibérales fait de la pandémie de COVID-19 le point de départ de sa réflexion. La crise sanitaire a en effet accéléré la mise en place de l’infrastructure technologique nécessaire à l’enseignement à distance et à sa généralisation au Québec. Cela a permis au domaine de l’éducation de combler son « retard relativement à l’évolution vers un environnement axé sur le numérique et la technologie », lit-on dans le document.
L’IEDM note que le maintien de l’enseignement à distance freinerait l’exode marqué des jeunes des régions rurales du Québec qui a cours depuis au moins deux décennies. Le laboratoire d’idées fait aussi valoir que cela permettrait aux établissements d’enseignement supérieur d’accueillir un plus grand nombre d’étudiants sans avoir à augmenter la taille de leurs classes. À la clé : une réduction à long terme des fonds publics investis dans les équipements et les infrastructures sur les campus.
Plus d’étudiants étrangers
Les universités québécoises pourraient même conquérir de nouvelles clientèles grâce à leur bonne réputation à l’international tant en français qu’en anglais. Une autre manière d’alléger le fardeau financier des contribuables québécois, insiste M. Ouellette. « Des étudiants étrangers ont suivi des cours au Québec à distance pendant la pandémie et cela a très bien fonctionné. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie? », s’interroge-t-il.
En temps normal, le ministère de l’Enseignement supérieur finance les universités uniquement pour les étudiants internationaux qui viennent étudier au Québec en présentiel. Des assouplissements ont néanmoins été accordés lors de la pandémie pour permettre la scolarisation, à partir de leur pays d’origine, des étudiants internationaux admis et ayant leurs permis d’études. « Cela devrait demeurer ainsi de manière permanente », plaide l’économiste.
L’IEDM fait de la formation de partenariats stratégiques entre les universités québécoises et les intervenants spécialisés dans l’enseignement en ligne la clé du succès de ce projet. « Nous voulons surtout mettre la table pour un réel débat public sur la question auquel toutes les parties prenantes seraient conviées », indique M. Ouellette. Le gouvernement du Québec aurait d’ailleurs contacté l’IEDM pour en savoir plus sur sa position depuis la parution de l’étude.
Et la qualité?
« À défaut d’être nouvelles, les propositions de l’IEDM ont le mérite de faire avancer la réflexion sur la formation à distance et l’intégration du numérique dans l’enseignement supérieur », confirme Martin Maltais, professeur en financement et en politiques d’éducation à l’Université du Québec à Rimouski. Jusqu’en août 2020, il a occupé le poste de directeur de cabinet adjoint de Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur – le ministère a été scindé vers la fin de son mandat. « J’étais aux premières loges de la pandémie dans les universités », raconte-t-il.
Selon lui, plusieurs enjeux devront être abordés de front avant que le Québec ne devienne une véritable référence en la matière. L’un de ceux-ci concerne la qualité de l’apprentissage à distance au niveau universitaire. « Il faut améliorer l’expertise et les compétences des professeurs en formation à distance. Les technologies “wow” sont inutiles si on est incapable de soutenir les étudiants sur le plan socioaffectif et motivationnel, comme c’est trop souvent le cas », déplore M. Maltais.
C’est pour pallier ce manque que la formation J’enseigne à distance de l’Université TÉLUQ a été créée de toute urgence dès le début de la crise sanitaire. Depuis le printemps 2020, ce cours en ligne a été suivi en tout ou en partie par plus de 230 000 utilisateurs dans 182 pays différents, dont environ 85 % proviennent du Canada. Même s’il reste du chemin à faire, cela témoigne d’une réelle avancée sur l’importance d’adapter son enseignement au virtuel, souligne Lucie Laflamme, directrice générale de l’Université TÉLUQ. « Les mentalités ont beaucoup évolué en quelques mois à peine », constate-t-elle.
Des enjeux nombreux
Parmi les autres défis que le Québec devra relever, il y a celui de l’élaboration d’une offre de formation à distance digne de ce nom. « Il faut repenser les parcours afin de répondre aux besoins des étudiants. Prenons l’exemple des cours de méthodologie de recherche, qui sont offerts dans tous les programmes et à tous les niveaux : ils pourraient très bien être déclinés uniquement en ligne ou en bimodal », illustre M. Maltais. Or, cela suppose que les administrations rationalisent leurs processus, ce qui ne sera pas sans susciter une levée de boucliers de la part des syndicats.
Puis, il y a la question de la demande de la formation à distance. « Quels sont les besoins réels de formation? Comment les jeunes, mais aussi les moins jeunes veulent-ils apprendre? Comment interagir de manière adéquate avec eux? », énumère l’expert. Cette question a pour corollaire celle de l’évolution anticipée de l’appétit pour les études de niveau supérieur. « Il faut s’assurer de combler les besoins de la société québécoise avant de s’ouvrir tous azimuts à l’international », met en garde celui qui prévoit une augmentation du nombre de personnes – surtout francophones – susceptibles de fréquenter l’université dans la prochaine décennie au Québec.
Appelé à réagir à l’étude de l’IEDM, le ministère de l’Enseignement supérieur rappelle qu’il déploie déjà de nombreuses initiatives pour soutenir le développement de l’offre de formation à distance et de l’intégration du numérique dans l’enseignement supérieur, comme le projet Campus numérique. « L’un des principes directeurs de Campus numérique est d’améliorer l’accessibilité, la visibilité et la disponibilité de l’offre de formation à distance pour répondre aux besoins des étudiants […] grâce à un répertoire de cours et de programmes », nous a écrit un porte-parole par courriel.
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
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