Réseau national d’observatoires : future boussole de l’aménagement du territoire au Québec

S’appuyant sur les deux premières structures du même type, le gouvernement du Québec investit pour créer trois nouveaux Observatoires de l’aménagement et du développement durables des territoires.

03 octobre 2023
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Fort du succès des deux premiers observatoires de l’aménagement et du développement durables des territoires, trois nouvelles structures similaires verront le jour dans les cinq prochaines années sous l’égide de l’Université du Québec (UQ). Au printemps dernier, Québec a consenti à ce grand réseau qui réunit les universités québécoises un financement de 16 millions de dollars pour la mise en place d’un nouveau projet qui, à terme, couvrira la majeure partie du territoire de la province.

« On a été contactés par le Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) il y a quelques mois, mentionne Céline Poncelin De Raucourt, vice-présidente à l’enseignement et à la recherche de l’Université du Québec. Avec la nouvelle politique d’aménagement du territoire, [le gouvernement] voulait se doter d’indicateurs nationaux. » Ces indicateurs de développement durable visent des disciplines variées : taux d’activité de la population, superficie des aires protégées, températures moyennes annuelles ou encore avoirs nets des ménages. Ils ont été établis pour mesurer « le développement » de la province, soit « l’augmentation du bien-être de la population », explique l’Institut de la statistique du Québec. « Il y a création de bien-être lorsque les besoins humains sont comblés par la consommation ou l’utilisation de biens et de services. Le développement devient durable lorsque le bien-être de la population est maintenu ou s’accroît dans le temps », peut-on lire dans le Recueil des indicateurs de développement durable de l’Institut.

L’extension du réseau des observatoires à un niveau national permettra notamment de répondre à ces indicateurs qui, par leurs résultats, orienteront les politiques provinciales. Le projet d’agrandissement des observatoires n’en est qu’à ses balbutiements, mais son mandat devrait s’inspirer de celui des deux observatoires déjà existants : l’Observatoire du développement de l’Outaouais, lancé en 2017, et l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, créé au tournant des années 2000. « Ils réunissent des données pour la prise de décision, effectuent des veilles d’information, font de l’analyse et conçoivent des produits afin que ces données-là soient accessibles », souligne Mme Poncelin De Raucourt. Les trois nouveaux observatoires seront rattachés aux universités du Québec à Trois-Rivières, à Chicoutimi et à Rimouski.

Outil politique

Il s’agit, en somme, d’un service de « courtage de données », résume-t-elle. Plus connu dans le milieu du marketing, où les courtiers en données sont des entreprises qui collectent, regroupent et revendent les informations des usagers aux entreprises qui souhaiteraient mieux cerner le comportement de leurs clients, l’application serait tout autre au sein des futurs observatoires. Plus politique? Il s’agirait surtout de colliger des données disponibles et déjà existantes sur un éventail d’enjeux socioéconomiques locaux et de les rendre disponibles à qui en fera la demande – décisionnaires, organismes locaux, entrepreneur.e.s ou simples citoyen.ne.s, explique Mme Poncelin De Raucourt. « On développerait le partage des connaissances afin d’accompagner les municipalités régionales de comté (MRC) pour répondre aux nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire », précise-t-elle à titre d’exemple.

À l’origine, l’Observatoire du développement de l’Outaouais est né du désir de regrouper des universitaires, des citoyen.ne.s engagé.e.s et des élu.e.s dans le but de tisser des liens entre l’Université du Québec en Outaouais et la Ville de Gatineau, et de favoriser la diffusion des recherches sur le milieu municipal. Certains acteurs locaux avaient exprimé leur besoin d’un guichet unique regroupant l’ensemble des données sur les enjeux sociaux de la région, quand d’autres insistaient plutôt sur les besoins d’information économique. Cet observatoire a balayé aussi bien la croissance démographique de l’Outaouais, puis dressé le portrait du milieu des arts et de la culture, mais aussi contribué à une analyse de la situation frontalière de l’Outaouais et de l’Est ontarien ou encore étudié l’impact pandémique sur la situation socio-économique de la région.

Approche collaborative

Les nouvelles structures s’inspireront des bonnes pratiques développées par les deux premiers observatoires, telles que leur maillage très serré avec les partenaires locaux. L’aspect collaboratif se portera aussi sur les observatoires entre eux, anticipe Mme Poncelin De Raucourt, en vantant les valeurs d’échange qui animent déjà les membres de l’UQ.

« L’avantage d’avoir des observatoires associés aux universités, c’est qu’elles sont très connectées entre elles; donc si un observatoire est interpellé sur une problématique, on peut chercher une expertise ailleurs dans le réseau », fait valoir la vice-présidente. Le MAMH a souhaité mettre en place un tel réseau national, car il estimait aussi ne pas avoir la capacité d’accompagnement personnalisé des MRC, ajoute-t-elle.

Lors du lancement du projet, le Cabinet de la ministre des Affaires municipales a d’ailleurs évoqué le mandat, pour les futurs observatoires, de « fournir des outils pour soutenir une prise de décision éclairée visant une saine gestion du territoire et à accompagner les MRC ».

Beaucoup reste encore à définir : les territoires couverts par ces nouvelles structures, leurs orientations précises, la composition des équipes de professeur.e.s ainsi que de coordonnateurs et coordonnatrices, leurs responsables…« chaque modèle va pouvoir être différent » et s’adapter aux besoins locaux, indique Mme Poncelin De Raucourt. Autre inconnue encore en suspens, la pérennité du financement accordé à ces observatoires. Les fonds octroyés ne permettent pas, pour l’heure, d’ajouter un mandat de recherche scientifique à ces structures déjà très attendues, assure la porte-parole de l’Université du Québec.

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