Techniques pratiques pour cohabiter avec l’intelligence artificielle dans vos cours
Vous n’avez pas à transformer votre façon de donner vos cours ou d’évaluer vos étudiantes et étudiants.
Si vous avez des yeux ou des oreilles, vous croulez sans doute déjà sous les conseils et les avertissements liés à l’intelligence artificielle (IA). Certaines personnes (que je ne comprends pas) voient en l’IA la salvatrice de l’apprentissage et l’annonciatrice d’un avenir radieux. D’autres la considèrent comme la plus grande calamité qu’a connue le monde de l’enseignement supérieur. Je crois que la vérité se trouve quelque part au milieu de tout ça. Après avoir assisté à bon nombre d’exposés sur la façon de composer avec l’IA, j’ai réfléchi à quelques façons de l’utiliser sans devoir déconstruire les modèles pédagogiques actuels.
1. L’utiliser en salle de cours en ayant recours à un « jockey »
Dans certaines de mes classes, j’imprime des feuilles de travail sur du papier vert (que j’appelle mes « feuilles vertes ») pour la révision et les nouvelles questions sur la matière. Je m’en sers à peu près une fois par semaine comme petit sondage obligatoire. Les questions, pour la plupart fournies par les étudiantes et étudiants à la fin de la séance précédente, servent à lancer des discussions et à renforcer la compréhension de la matière. Sur chaque feuille, je m’assure d’ajouter un élément nouveau, mais lié au contenu du cours. À côté, j’écris « faites une recherche en ligne ». Je demande à une personne (en rotation) d’utiliser l’IA, et le reste de l’Internet, pour trouver réponse à ces questions. Comme les étudiantes et étudiants sont déjà sur leurs appareils, aussi bien les mettre à profit! Nous revenons ensemble sur les réponses et explorons d’autres pistes de réflexion. Bien entendu, à titre d’experte du sujet, j’ai le dernier mot sur ce qui constitue la bonne réponse ou une réponse acceptable. Nous écrivons ensuite le tout sur les feuilles vertes, avec un bon vieux crayon.
2. Donner des exercices d’écriture libre
Il peut s’agir de microdissertations ou de réflexions plus longues sur la matière du cours, mais l’important c’est que les étudiantes et étudiants puissent le faire devant vous en un court laps de temps. Je reviens souvent en grand groupe sur ce que les gens ont écrit, ce qui n’est peut-être pas possible dans votre situation, mais je ne comptabilise jamais ces exercices dans les résultats. Il s’agit d’une bonne façon de contourner l’IA en demandant quelque chose qui ne peut être fait que par les personnes présentes.
3. Faire passer les examens en personne
Jusqu’à tout récemment j’adorais les évaluations en ligne. Fini le déchiffrage des pattes de mouche. J’ai depuis fait un virage à 180° et je donne maintenant tous mes examens par écrit, en classe. C’est ce qu’on faisait avant, et c’est moins pénible qu’on ne le croit. C’est surtout un excellent moyen d’éliminer complètement la tricherie en ligne.
4. Demander aux étudiantes et étudiants de rendre une première ébauche de leurs travaux
D’entrée de jeu, il s’agit d’une bonne méthode pédagogique pour enseigner les techniques de rédaction. De plus, il est beaucoup plus difficile pour les étudiantes et étudiants de demander à l’IA de préparer une version préliminaire, inachevée et imparfaite de leurs travaux qu’une version finale et polie. N’hésitez pas à commenter les ébauches et à pointer les lacunes et problèmes aux étudiantes et étudiants. Lors de la remise de la version finale, il ne vous restera qu’à vérifier que tout a été réglé. De cette façon, vous pouvez faire la plus grande part de votre correction et notation en cours de session (ce qui préservera votre santé mentale) et simplement tout relire et donner une note finale à la fin.
5. Demander aux étudiantes et étudiants de trouver leurs propres questions
Mon collègue Toni Roberts, lauréat d’un prix 3M, demande à ses étudiantes et étudiants de préparer des « passeports de classe ». L’accès à la salle leur est interdit tant qu’ils n’ont pas remis une série de questions sur les lectures assignées, par exemple sur le thème de la lecture, la leçon apprise la plus importante, leurs interrogations en suspens et les sujets à explorer davantage. Ces passeports servent à alimenter les discussions en classe. Ils offrent un double avantage, car en plus de contourner l’IA, ils assurent que les étudiantes et étudiants font leurs lectures.
6. Accorder une plus grande importance aux discussions en personne qu’aux travaux à faire à la maison dans les notes
Je suis une grande adepte de la dissertation traditionnelle, mais en demandant aux étudiantes et étudiants de transmettre sur le forum en ligne leur opinion en lien avec les lectures, et en attribuant un grand nombre de points aux discussions en classe et aux travaux d’équipe, vous pouvez atteindre la plupart des mêmes objectifs d’apprentissage.
L’IA est là pour de bon, et il ne fait aucun doute qu’au fil de son évolution, elle donnera de plus en plus de fil à retordre aux spécialistes de l’éducation. Les quelques techniques décrites dans le présent article maintiennent le siège de la réflexion et de l’apprentissage au bon endroit : dans le cerveau. Elles rendent aussi les classes plus humaines, ce qui n’est pas trop mal.
Postes vedettes
- Doyen(ne), Faculté de médecine et des sciences de la santéUniversité de Sherbrooke
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
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