Avez-vous récemment reçu un courriel ou une lettre de Statistique Canada? Vous faites peut-être partie des 100 000 professeurs et chercheurs de niveau postsecondaire choisis au hasard par l’organisme pour participer à une enquête en ligne. L’Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire est conçue pour combler une lacune dans notre compréhension du degré d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) dans les universités et collèges canadiens afin d’améliorer les politiques en la matière.
L’enquête résulte d’un engagement pris par le gouvernement fédéral dans le budget 2018. Elle vise à recueillir de meilleures données sur les professeurs et les chercheurs de niveau postsecondaire en vue d’accroître la diversité parmi ceux qui reçoivent du financement des trois conseils subventionnaires en recherche au Canada : les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le Conseil de recherches en sciences humaines. Le budget prévoyait spécifiquement l’amélioration du soutien accordé aux femmes, aux groupes sous-représentés et aux chercheurs en début de carrière.
Les résultats de l’enquête devraient aider les législateurs fédéraux à « mieux comprendre les expériences professionnelles de même que les défis et obstacles qui se présentent dans le circuit universitaire », répond par courriel Martin Magnan, directeur des relations avec les médias à Statistique Canada.
Les participants répondent à des questions sur leurs expériences relatives à l’emploi, aux activités de recherche et au financement, aux préjugés et à la discrimination, au harcèlement, aux occasions d’apprentissage et de perfectionnement de même qu’à des questions sur leur identité et leur point de vue sur la situation en matière d’EDI dans leur établissement.
Le 7 octobre, les premières invitations ont été envoyées à des professeurs à temps plein ou partiel, à des chercheurs postdoctoraux, à des doctorants et à des chargés de cours au niveau collégial. Un rappel a suivi à la fin du mois. Les invités ont été choisis au hasard parmi un bassin de 800 000 personnes admissibles ciblées grâce aux données de recensement, aux données fiscales et aux données administratives des universités. Ils ont jusqu’au 6 décembre pour répondre à l’enquête.
« Les gens doivent participer afin que nous ayons en main les données nécessaires pour éliminer les obstacles systémiques auxquels se heurtent les groupes sous-représentés dans le milieu universitaire », explique Pam Foster, directrice de la recherche et de l’action politique de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU), l’un des nombreux groupes consultés au sujet de la conception et du champ d’application de l’enquête.
En 2018, un rapport de l’ACPPU portant sur l’équité et la diversité parmi des professeurs de niveau postsecondaire faisait état d’écarts d’emplois et de salaires entre les différents groupes formant les effectifs universitaires. On indique toutefois que les données sur le sujet étaient « limitées ». Le Système d’information sur le personnel d’enseignement dans les universités et les collèges de Statistique Canada recueille chaque année certaines données, mais elles se limitent aux professeurs universitaires à temps plein.
« Il n’existe actuellement pas de données sur certains des enjeux abordés dans l’enquête », explique Mme Foster. Parmi ces enjeux : la violence et le harcèlement au travail, les obstacles à l’avancement professionnel et d’autres formes de discrimination.
En plus de consulter les trois conseils, Statistique Canada s’est entretenue avec Universités Canada, Collèges et instituts Canada et Polytechnics Canada pendant la conception de l’enquête. Tous les groupes invitent leurs membres à y répondre s’ils ont été choisis.
Les conclusions serviront de complément aux résultats d’un sondage sur l’EDI mené auprès des cadres supérieurs d’université et publié le 4 novembre par Universités Canada. Cette enquête faisait suite à l’engagement pris par l’association conformément à ses Principes d’excellence en matière d’inclusion, adoptés par les membres en 2017.
Le sondage d’Universités Canada, envoyé à ses membres au printemps dernier, a révélé que 77 pour cent des universités citent actuellement l’EDI dans leurs plans stratégiques ou leurs documents de planification à long terme. Néanmoins, il a démontré que « le milieu de l’enseignement supérieur, comme bien d’autres secteurs, doit continuer à renforcer l’EDI et à rendre compte de ses progrès au fil du temps », concluait le rapport sur les résultats du sondage. Un des défis majeurs soulevés par les répondants est le manque de ressources.
« Ensemble, on commence à former une image composite de certaines dynamiques entourant l’équité, la diversité et l’inclusion dans l’écosystème universitaire, dit Wendy Therrien, directrice des relations extérieures et de la recherche à Universités Canada. Plus le portrait sera précis, mieux nous comprendrons les dynamiques, et meilleur sera le soutien que nous apporterons à nos membres pour accomplir des progrès. »
Outre ce que révèlent les sondages sur la représentation globale des divers groupes au sein du milieu universitaire, ils peuvent également démontrer comment cela se traduit pour les membres de la communauté qui tentent de cheminer dans le système, et en quoi la situation diffère d’une discipline à l’autre, ajoute Mme Therrien.
Cependant, les chiffres ne révèlent pas tout, prévient-elle. Chaque établissement doit « faire l’état des lieux de son campus et établir comment les données globales peuvent aiguiller ou étayer les stratégies mises en œuvre ».
Les résultats de la nouvelle enquête de Statistique Canada devraient être publiés au printemps ou à l’été prochain.