Les universités se penchent sur leurs services de santé mentale en prévision du retour sur les campus cet automne

Certaines perfectionnent leurs programmes existants; d’autres planifient de grandes campagnes de promotion de la santé en ligne et en personne.

19 mai 2021
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À l’approche du trimestre d’automne 2021, les stratèges en soins de santé dans les universités canadiennes admettent nager en eaux troubles en essayant de prévoir les futurs besoins en santé mentale des étudiants, professeurs et membres du personnel ébranlés par la pandémie.

Certains établissements ont choisi une approche attentiste et peaufinent leurs programmes et services existants, en grande partie virtuels depuis la dernière année. D’autres planifient de grandes campagnes ciblées de promotion de la santé et de réduction des risques. Ces campagnes prévues en ligne et sur le campus visent à renforcer la résilience des divers membres du milieu universitaire et à les conscientiser à l’importance de prendre soin de sa santé mentale.

Professeure adjointe à l’Université Dalhousie et psychiatre judiciaire, Grainne Nielson dit que les universités n’ont pas la liberté de se tromper.

« Beaucoup de troubles mentaux font leur apparition entre l’adolescence et le début de l’âge adulte, affirme Mme Nielson, qui est également présidente de l’Association des psychiatres du Canada. Les universités doivent toujours prendre soin de leurs étudiants, a fortiori en temps de pandémie. »

Intensifier les efforts

L’Université de Calgary a prévu d’offrir des services hybrides, y compris des consultations virtuelles pour ceux qui préfèrent la formule Zoom, explique Andrew Szeto, directeur chargé de la stratégie en matière de santé mentale.

L’établissement affine la stratégie en matière de santé mentale qu’il a élaborée en collaboration avec ses étudiants et professeurs et lancée en 2015. « Nous misons sur la prévention et la promotion de la santé mentale. Nous voulons créer un milieu bienveillant pour mieux soutenir nos étudiants, professeurs et employés, dit M. Szeto. Nous montrons aux professeurs à reconnaître la détresse chez leurs étudiants, et même leurs collègues, et à leur parler, à les orienter vers les ressources, à écouter avec empathie et à intégrer la santé mentale dans l’enseignement et l’apprentissage. »

L’Université de Montréal table sur la réussite de ses ressources en ligne, consultations et thérapies de groupe virtuelles afin de raccourcir les listes d’attente pour ses services de santé mentale.

« Si les étudiants se présentent sur le campus, nous serons là pour eux. Nous renforcerons l’accompagnement par les pairs et passerons par les sentinelles qui sont formées pour détecter les personnes en difficulté », précise Virginie Allard-Cameus, directrice du Centre de santé et de consultation psychologique de l’établissement.

Le gouvernement du Québec a d’ailleurs annoncé que la mise en œuvre de son Plan d’action sur la santé mentale étudiante à l’enseignement supérieur, développé à partir des consultations menées en janvier dernier, est prévue pour la rentrée automnale.

Certaines universités profitent des nouvelles ressources de la Commission de la santé mentale du Canada, qui a lancé l’année dernière une norme nationale sur la santé mentale dont l’application est volontaire pour « aider les établissements d’enseignement postsecondaire à soutenir la santé mentale et le bien-être des étudiants ». À ce jour, la norme et la trousse de démarrage ont été téléchargées plus de 1 300 fois.

Les associations étudiantes jouent aussi un rôle crucial en aidant les étudiants qui combinent troubles de santé mentale et problèmes financiers, dit Matt Gagné, président de l’Association étudiante de l’Université Carleton (CUSA).

Pendant la pandémie, la CUSA a collaboré avec l’établissement et son fournisseur d’assurance maladie dans le but de créer une ligne de soutien en santé mentale disponible en tout temps. Le service est encore accessible à tous les étudiants de premier cycle. L’Université a aussi apporté des modifications dans les méthodes d’évaluation des étudiants afin d’aider ceux dont les notes pourraient être touchées par les troubles mentaux et la pression financière.


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M. Gagné indique que cet automne, son association se concentrera sur la mise en œuvre d’une stratégie en ligne et sur le campus visant à aider les nouveaux étudiants à s’intégrer au milieu universitaire de manière sécuritaire, en respectant la distanciation physique. La stratégie ciblera aussi les étudiants de deuxième année qui n’ont pas encore vécu l’expérience des études sur le campus en raison de la pandémie.

« Nous sommes conscients que certains étudiants n’ont pas pu vivre une première année d’études universitaires habituelle. Nous avons pour priorité de les accueillir convenablement et nous leur présenterons tous les clubs de notre établissement dans le cadre d’un grand rassemblement. »

Les professeurs et membres du personnel également touchés

La santé mentale des professeurs et des membres du personnel des universités inquiète également. L’été dernier, l’Université de Montréal a organisé une conférence sur le stress afin d’enseigner à ses employés des stratégies pour renforcer leur résilience personnelle. Les participants ont pris part à des ateliers sur la méditation pleine conscience et d’autres méthodes de psychologie positive.

Les représentants des associations de professeurs et de membres du personnel se montrent réticents à parler de leurs difficultés en raison de l’incertitude générée par la pandémie et parce qu’ils souhaitent protéger leur vie privée.

Elizabeth Hanson, présidente de l’Association des professeurs de l’Université Queen’s, soutient toutefois que, depuis le début de la pandémie, les professeurs, membres du personnel et étudiants subissent continuellement une pression incroyable.

« Nous ne pouvons pas faire de pronostics quant aux besoins en santé et en sécurité des membres du milieu universitaire et à la capacité de l’Université Queen’s d’y répondre », dit-elle, en ajoutant que l’Association continuerait de collaborer avec l’établissement pour s’assurer que la santé et la sécurité soient considérées comme des priorités dans la planification de la rentrée automnale.

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