Un tout premier baccalauréat fondé sur l’approche Une seule santé à l’Université de Guelph
Les 160 étudiantes et étudiants qui suivent le programme reçoivent une formation globale en matière de santé.
Nous sommes au printemps, et Benjamin Snetsinger s’arme de patience pour savoir s’il obtiendra une place à la maîtrise en santé publique de l’Université de Guelph, un programme qui n’admet que 25 personnes parmi la centaine de candidatures.
« Je voulais vraiment suivre ce programme », confie M. Snetsinger, qui a été admis après seulement deux jours d’attente. Il ignore ce qui a joué en sa faveur. « J’aime penser que c’est un peu grâce à Une seule santé. »
Il fait référence au nouveau programme de baccalauréat Une seule santé de l’Université de Guelph, dont il est le premier diplômé. Ce dernier s’appuie sur une approche de résolution de problèmes qui tient compte de la santé humaine, de la santé animale et des enjeux environnementaux. Au Canada comme ailleurs dans le monde, les universités proposent des programmes d’études aux cycles supérieurs dans ce domaine, en plus d’occasions de se familiariser avec l’approche au premier cycle. Toutefois, l’Université de Guelph est la première au Canada – peut-être même au monde – à offrir un programme de baccalauréat distinct en la matière, lancé en 2022.
À l’automne 2024, on y compte 153 étudiantes et étudiants, dont une poignée avait commencé leurs études de premier cycle dans un autre programme. C’est le cas de M. Snetsinger qui a présenté une demande de changement de programme après sa troisième année en microbiologie à l’Université de Guelph. La première cohorte obtiendra son baccalauréat en 2026 et le premier groupe d’étudiantes et étudiants inscrits à un programme coopératif suivra en 2027.
Les changements de programme ont précipité l’offre de certains cours, l’une des nombreuses difficultés inhérentes au lancement de ce programme transdisciplinaire, qui ne peut s’appuyer sur aucun modèle existant. L’établissement a fait preuve de souplesse pour répondre à la forte demande, vu qu’environ 360 demandes ont été présentées et que seules 54 places étaient offertes pour la première année.
« Nous remarquons que certaines personnes intéressées par le domaine de la santé et qui auraient autrement choisi une autre discipline se reconnaissent tout de suite dans l’approche Une seule santé proposée par l’Université. Cette approche globale de la santé attire les étudiantes et étudiants », explique le directeur du programme, Brian Husband.
C’était le cas pour M. Snetsinger. Lors de ses études en microbiologie, il a fait un stage coopératif dans une usine de fabrication de salami – s’il a aimé l’expérience, il s’est toutefois rendu compte que son avenir était ailleurs. « Ça n’avait pas assez d’envergure, dans tous les sens du terme. C’était trop spécialisé. » En suivant un cours d’épidémiologie, il a réalisé qu’il s’intéressait davantage aux grandes questions de santé et de pathologie. Il a été admis au baccalauréat Une seule santé, et a choisi la concentration « pathologie, complexité et santé ». (Les trois autres concentrations offertes sont les suivantes : environnement, alimentation et santé; politique, économie et santé; et culture, société et santé.)
Selon M. Husband, l’aspect collaboratif du programme, auquel participent quatre facultés de l’Université de Guelph, est important : « Nous avons été courageux en voulant créer un baccalauréat qui se distinguerait et qui permettrait d’établir un meilleur équilibre entre les sphères humaines, animales et environnementales ».
Par ailleurs, à l’Université Western, qui offre le seul autre programme canadien du genre, les étudiantes et étudiants peuvent s’inscrire à une spécialisation fondée sur l’approche Une seule santé dans le cadre de leur inter en science médicale.
L’Université de Montréal (UdeM) propose quant à elle une nouvelle initiative transdisciplinaire Une seule santé dirigée par des représentantes et représentants de l’ensemble de l’établissement, et offrira aussi éventuellement un programme de doctorat. « Tout le monde essaie de trouver sa place dans ce domaine. La majorité des établissements concentrent leurs efforts sur les programmes aux cycles supérieurs », observe M. Husband. L’Université de Guelph propose une spécialisation Une seule santé à la maîtrise et au doctorat depuis 2020.
Récemment, il a été annoncé que l’Université de Guelph, l’UdeM, l’Université de la Saskatchewan, l’Université de Toronto, l’Université York et l’Université Dalhousie ont reçu 2,7 millions de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada pour fonder la Plateforme de formation en recherche en santé – Une seule santé : menaces zoonotiques. Ce programme de formation en ligne bilingue, d’une durée de six ans, visera à mieux freiner les pandémies et la propagation des maladies.
Réellement transdisciplinaire
M. Snetsinger a particulièrement aimé le cours obligatoire de troisième année sur les sujets liés à l’approche Une seule santé. « C’était le cours avec le plus de discussions et de séminaires que j’aie jamais suivi. Nous étions seulement dix étudiantes et étudiants à échanger avec notre professeur sur nos lectures, sur ce qui allait ou n’allait pas. On examinait les questions de tous les angles », explique-t-il.
Pour son projet de synthèse, il s’est penché sur les répercussions des maladies zoonotiques sur les filles et les femmes d’Afrique de l’Est. « J’ai pu découvrir tout plein de domaines, ce qui est génial. Je n’aime pas me limiter à une seule discipline. Et c’est tout l’intérêt de l’approche Une seule santé. »
Elizabeth Arbour, qui a mis fin à ses études en génie biomédical à l’Université McMaster pour se joindre au programme, pensait que le baccalauréat fondé sur l’approche Une seule santé serait parfait pour elle vu son intérêt pour la biologie et les grandes questions de santé. Dans son nouveau programme, elle doit suivre des cours de sciences sociales (anthropologie, par exemple), une première pour elle. « C’est tellement utile. Dans les autres cours, on se sert réellement de l’approche anthropologique, des sciences humaines, donc c’est très important. L’approche Une seule santé est unique par sa manière de conjuguer sciences sociales et sciences naturelles. »
Lorsqu’elle aura obtenu son diplôme, au printemps prochain, elle voudrait obtenir un certificat en études de laboratoire médical, puis se diriger vers une maîtrise en santé publique ou en pathologie. Ses camarades de classe nourrissent une variété d’ambitions : santé publique, urbanisme, médecine ou sciences vétérinaires.
La seule chose qu’elle reproche au programme, c’est d’être davantage axé sur des carrières en recherche, alors qu’elle préférerait qu’on lui présente des possibilités de carrière dans des domaines davantage axés sur la pratique.
En effet, pour l’Université de Guelph, le principal obstacle pour attirer un nombre accru d’étudiantes et d’étudiants dans son baccalauréat est la nouveauté des études dans ce domaine, particulièrement au premier cycle. (L’Université souhaiterait pouvoir en accueillir 70 par année, et recevoir davantage de demandes d’inscription afin de disposer d’un grand bassin de talents)
« On ne retrouve “Une seule santé” dans le nom d’aucun poste », ajoute M. Husband.
Le directeur de programme est toutefois en communication avec les gouvernements, les organismes à but non lucratif et le secteur privé pour connaître leurs besoins en matière de compétences liées à la collaboration transdisciplinaire entre les sciences naturelles et sociales afin de faire en sorte que le programme produit les résultats escomptés. « Ces compétences deviennent essentielles dans une foule de secteurs. »
Postes vedettes
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
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