Lutte contre les violences sexuelles : 54 M$ sur cinq ans pour les établissements postsecondaires
Le gouvernement du Québec a dévoilé le mois dernier son Plan d’action visant à prévenir et à contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur 2022-2027.
« Notre gouvernement a pris l’engagement de ne tolérer aucune violence à caractère sexuel sur les campus universitaires et collégiaux. En tant que société, nous nous devons de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour prévenir cette violence, la contrer et faire en sorte que les victimes ne soient plus jamais laissées à elles-mêmes », a mentionné la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, lors de l’annonce du nouveau plan d’action le 13 février dernier.
Rappelons que ce plan, tout comme la Stratégie d’intervention à laquelle il succède, découle de la Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur adoptée en 2017. Cette Loi oblige tous les établissements postsecondaires à se prévaloir d’une politique en matière de violence à caractère sexuel qui comprend notamment la mise en place d’activités de sensibilisation, de formation et de mesures de sécurité ainsi que la création d’un guichet unique pour les services d’accueil, d’orientation, de soutien psychosocial et d’accompagnement.
À lire aussi : Les universités québécoises intensifient leur lutte contre les violences sexuelles
Une bonification de 25 M$
Pour aider les établissements d’enseignement supérieur à remplir leurs obligations en lien avec cette Loi, le nouveau plan d’action est accompagné d’un financement de 54 millions de dollars, qui comprend des crédits récurrents de 29 millions de dollars issus de la Stratégie d’intervention 2017-2022 et de 25 millions de dollars de nouveaux crédits provenant de la Stratégie gouvernementale intégrée 2022-2027.
La responsable des relations de presse au ministère de l’Enseignement supérieur, Esther Chouinard, explique que cette importante bonification – près du double du montant investi pour la première période – donne suite aux recommandations du rapport du Comité d’experts Rebâtir la confiance et du rapport d’évaluation de la Stratégie d’intervention.
Un financement attendu
De l’enveloppe totale, 37,5 millions de dollars seront versés directement aux établissements. Manon Bergeron, professeure au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, se réjouit de cette annonce. Les travaux menés par la Chaire qu’elle dirige ont contribué à dévoiler l’ampleur de la problématique des violences à caractère sexuel dans les milieux collégiaux et universitaires. Publiée en 2016, l’Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu Universitaire : ce qu’en disent étudiant.es, enseignant.es et employé.es (ESSIMU) a entre autres mis au jour que près de 37 % des personnes étudiant ou travaillant à l’université en sol québécois disent avoir subi au moins une forme de violence sexuelle commise par un individu de leur université.
À lire aussi : Étude sur la violence sexuelle en milieu universitaire au Québec : résultats troublants, mais prévisibles
« Depuis l’instauration de la Loi, il y a eu une grande mobilisation au Québec. Autant les milieux communautaire qu’universitaire ont dû mettre en œuvre une série de mesures. Il fallait bonifier l’offre de formation et de services afin de répondre aux besoins des personnes victimes. On avait besoin de ressources. Tout cela nécessitait assurément du financement », commente-t-elle.
Des initiatives concrètes
Selon Mme Bergeron, plusieurs bonnes initiatives ont pris forme dans le milieu de l’enseignement supérieur ces cinq dernières années, mais il importe de continuer à bâtir sur celles-ci.
Sachant qu’un peu moins de 10 % des personnes victimes de violence sexuelle ont rapporté leur situation aux instances de leur université, la Chaire a par exemple mené un projet de recherche pour mieux comprendre et agir sur les obstacles liés au sous-signalement. Celui-ci devrait être dévoilé en avril prochain. « Les résultats permettront de proposer des modifications aux pratiques actuelles, peut-être à la Loi ou aux politiques institutionnelles. Ultimement, cela va contribuer à améliorer les services offerts », explique la chercheuse, qui compte également diffuser les résultats dans le reste du Canada et à l’international.
Par ailleurs, un projet de concertation financé par le ministère de l’Enseignement supérieur a mené à la création de deux guides. Un de ceux-ci porte sur l’évaluation des interventions et des services offerts par les établissements dans le cadre de leur politique. « Il y a beaucoup d’initiatives qui émergent, mais encore faut-il les évaluer pour savoir si elles apportent les changements souhaités », fait remarquer Mme Bergeron, qui souhaite qu’une culture évaluative se développe au sein des établissements afin de s’assurer que les interventions et les services contribuent véritablement à prévenir les violences sexuelles.
Selon la titulaire de la Chaire, le maintien, voire l’intensification du dialogue entre les milieux de la recherche et de l’intervention, est primordial pour développer les meilleures pratiques afin d’instaurer une culture de respect et, par le fait même, observer une diminution significative des cas de violences à caractère sexuel dans les universités et les cégeps. « Je salue en ce sens le plan d’action, qui prévoit du financement autant pour la recherche que pour l’intervention », conclut-elle.
Postes vedettes
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.