Le gouvernement ténois officialise la surveillance du système d’enseignement supérieur
Bien que le territoire n’accueille aucune université, plusieurs établissements partenaires seront touchés par le nouveau Cadre de responsabilisation en éducation postsecondaire.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a déployé son nouveau Cadre de responsabilisation en éducation postsecondaire, qui prévoit des mesures du rendement et une structure de reddition de comptes pour les établissements d’enseignement supérieur. Annoncé le 4 juillet, le cadre s’applique à tous les établissements autorisés par la loi sur l’éducation du territoire.
« Il n’existait aucun mécanisme officiel de reddition de comptes pour l’éducation postsecondaire aux Territoires du Nord-Ouest; dans la foulée de l’entrée en vigueur de la Loi sur l’éducation postsecondaire [en décembre 2022], nous avons voulu mettre en place des structures nous permettant d’assurer une surveillance du système », explique Dan Round, gestionnaire de l’enseignement supérieur et des initiatives stratégiques pour le gouvernement ténois. Les parties prenantes du gouvernement se sont inspirées des façons de faire ailleurs au Canada et de leur propre processus d’assurance de la qualité pour établir des indicateurs, notamment les données sur les demandes, les taux d’acceptation, l’inscription, les résultats des étudiantes et étudiants, les données démographiques, les initiatives d’amélioration ainsi que la satisfaction de la population étudiante et du personnel. Les établissements devront présenter un rapport chaque année.
Parmi les objectifs définis dans le cadre figure la croissance du système d’éducation postsecondaire des Territoires du Nord-Ouest. « Nous voulons rester au fait des nouvelles possibilités en matière d’éducation et de modèles éducatifs. Les Territoires du Nord-Ouest pourraient profiter grandement du virage virtuel. Notre population est établie sur un vaste territoire, si bien que nous devons nous assurer de bien comprendre les besoins et les exigences pour tirer parti de ces possibilités, précise M. Round. La formation suivie dans le Nord devrait être reconnue et acceptée au même titre que celle suivie ailleurs. »
Il n’y a à l’heure actuelle aucune université établie aux Territoires du Nord-Ouest. Le principal fournisseur d’éducation postsecondaire sur le territoire est le Collège Aurora, qui accueillait 383 étudiantes et étudiants à temps plein et 1 246 autres à temps partiel en 2022-2023. Ce collège offre un éventail de programmes, dont certains s’accompagnent d’ententes de transfert avec des universités d’ailleurs au Canada, ainsi qu’un programme de niveau universitaire, soit un baccalauréat ès sciences en soins infirmiers dans le cadre d’un partenariat d’octroi de grades avec l’Université de Victoria. Le gouvernement ténois s’est engagé à faire du collège une université polytechnique, et cette transition devait initialement être réalisée en 2025. Or, l’administration du collège a annoncé en mai 2024 le report de cette transition, invoquant des problèmes de financement. Par ailleurs, le Collège Nordique, un établissement francophone, est en voie d’obtenir son accréditation sur le territoire.
Les étudiantes et étudiants ont accès sur le territoire à d’autres cours de niveau universitaire grâce à des ententes entre des partenaires locaux et des universités d’autres provinces. Parmi ces établissements locaux figure le Centre de recherche et d’apprentissage Dechinta, un organisme autochtone axé sur le territoire qui propose des cours accrédités par l’Université de la Colombie-Britannique. Les étudiantes et étudiants peuvent y suivre des cours autonomes donnant droit à des crédits en vue d’un diplôme postsecondaire, ou y obtenir un certificat en recherche fondée sur le territoire et la collectivité.
Kelsey Wrightson, directrice générale du Centre Dechinta, raconte que l’établissement a collaboré avec le gouvernement à la définition de la loi sur l’éducation postsecondaire et à l’élaboration du cadre de responsabilisation. « Il est primordial que les établissements d’enseignement supérieur puissent rendre compte du travail qu’ils accomplissent et de leurs retombées dans la collectivité, explique-t-elle. [Le cadre] nous invite à parler des personnes que nous servons, de l’origine de nos étudiantes et étudiants et de la manière dont nos programmes ouvrent des portes sur l’emploi et l’éducation. Ce sont d’importantes histoires à raconter, qui montrent en quoi les établissements du Nord sont les mieux placés pour répondre aux besoins des étudiantes et étudiants du Nord. »
Parmi les autres universités qui offrent des cours aux Territoires du Nord-Ouest, l’Université Trent, qui propose aux étudiantes et étudiants dénés un diplôme en études environnementales et sciences autochtones en collaboration avec la Première Nation des Dénés Yellowknives, et l’Université Memorial, qui présente des cours par l’intermédiaire de son Institut de la marine. L’Université de l’île de Vancouver prévoit offrir un baccalauréat en éducation en milieu rural et éloigné de concert avec un partenaire local. Rachel Moll, doyenne associée de la Faculté d’éducation de cette université, explique que l’établissement travaille à établir un contrat et espère lancer le programme en janvier 2025. Elle ajoute que l’établissement a l’habitude de rendre compte du type de données prévu par le cadre de responsabilisation. « Il est soumis à une évaluation par le Conseil des professeures et professeurs de la Colombie-Britannique. Les universités recueillent des [données qualitatives et quantitatives] et en rendent compte dans le cadre des procédures d’évaluation des programmes. »
Donner aux populations du Nord l’accès à de l’enseignement supérieur de qualité
En octobre 2020, le ministre des Affaires du Nord a formé un groupe de travail, qui devait trouver des moyens d’améliorer l’éducation postsecondaire dans le nord du Canada. Son rapport, publié en mars 2022, comportait 37 appels à l’action. Ashlee Cunsolo, membre du groupe de travail, avait fait cette déclaration dans le communiqué accompagnant le rapport : « Depuis des générations, les étudiantes et étudiants du Nord doivent souvent quitter leur collectivité pour accéder à l’éducation postsecondaire, ce qui crée des obstacles personnels, culturels et financiers majeurs. L’accès local à l’éducation postsecondaire, que ce soit en personne, sur le territoire ou en ligne, a un potentiel transformateur, puisqu’il permet aux personnes d’atteindre leurs objectifs de formation dans leur collectivité. »
Mme Wrightson, qui a fait partie du groupe de travail, estime que le nouveau cadre de responsabilisation, bien que distinct, y est en quelque sorte lié. « Le cadre est un outil qui permet aux établissements d’enseignement supérieur des Territoires du Nord-Ouest de rendre compte des services, des milieux de travail et de l’environnement éducatif qu’ils proposent, et d’en assumer la responsabilité. Il répond ainsi à l’une des demandes du groupe de travail : donner aux populations du Nord l’accès à une éducation, à de la recherche et à de la formation en recherche de très grande qualité. »
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest recueille depuis longtemps des données auprès des établissements d’enseignement partenaires, mais le cadre vise à normaliser l’exercice. « Nous voulons obtenir la même information de l’ensemble de nos partenaires, ce qui nous donnera un portrait global », explique M. Round. Un déploiement graduel du cadre est prévu : les principaux aspects devront faire l’objet d’un rapport dans la prochaine année scolaire, et une reddition de comptes complète sera attendue d’ici trois ans. Bien que l’exercice n’ait actuellement aucune incidence sur le financement, la situation pourrait changer. « L’adoption d’un financement axé sur le rendement demeure toujours une possibilité, mais pour l’heure, nous voulons simplement obtenir de l’information sur notre système et comprendre ce qui fonctionne et, dans le cas contraire, ce que nous pouvons faire pour apporter des améliorations », explique M. Round.
Mme Wrightson espère que le cadre de responsabilisation contribuera à créer des occasions en matière d’éducation et d’emploi dans les Territoires du Nord-Ouest. « Le Centre Dechinta veut être en mesure de continuer d’offrir aux étudiantes et étudiants la possibilité de prendre part à ses programmes, conclut-elle. J’espère que le cadre de responsabilisation permettra de recueillir les données qui nous garantiront le financement équitable et à long terme dont nous avons besoin pour y arriver. »
Postes vedettes
- Littératures - Professeur(e) (Littérature(s) d'expression française)Université de Moncton
- Chaire de recherche du Canada, niveau 2 en génie électrique (Professeur(e))Polytechnique Québec
- Médecine - Professeur(e) adjoint(e) (communication en sciences de la santé)Université d'Ottawa
- Medécine- Professeur.e et coordonnateur.rice du programme en santé mentaleUniversité de l’Ontario Français
- Droit - Professeur(e) remplaçant(e) (droit privé)Université d'Ottawa
Laisser un commentaire
Affaires universitaires fait la modération de tous les commentaires en appliquant les principes suivants. Lorsqu’ils sont approuvés, les commentaires sont généralement publiés dans un délai d’un jour ouvrable. Les commentaires particulièrement instructifs pourraient être publiés également dans une édition papier ou ailleurs.